L’attaque du 7 octobre 2023 à la rave Nova représente un scénario sans précédent dans la recherche sur les traumatismes : un événement faisant de nombreuses victimes dans lequel la plupart des participants étaient sous l’influence de psychédéliques.
En utilisant une conception phénoménologique à méthodes mixtes, 45 survivants ont été interrogés. Les participants ont été classés selon leur consommation de substances : psychédéliques classiques (n=24), empathogènes (n=19) et kétamine (n=2). Les données ont été analysées dans un cadre réaliste critique à travers trois domaines temporels : la survie immédiate, la gestion émotionnelle pendant l’événement et l’intégration post-événement.
Les résultats indiquent un phénomène dissociatif que les auteurs nomment “dissociation psychédélique adaptative”, caractérisé par une combinaison de caractéristiques dissociatives traumatiques et psychédéliques : détachement émotionnel, déréalisation et dépersonnalisation, comportements automatiques et fonctionnalité préservée.
L’analyse quantitative a montré un impact subjectif principalement positif de la consommation de substances sur la survie immédiate (75%-79%) et la gestion émotionnelle (83%-84%), mais des résultats mitigés dans le traitement ultérieur (42%-53% positifs et 25%-26% négatifs).
La dissociation induite par les psychédéliques lors de l’exposition au traumatisme pourrait conférer des avantages adaptatifs aigus tout en causant des défis d’intégration – un paradoxe aux implications significatives pour la recherche sur le traumatisme.
Examiner comment les survivants de l’attaque du festival Nova comprennent et décrivent la relation entre leurs états altérés de conscience et leurs expériences traumatisantes.
L’étude examine comment les substances psychédéliques ont influencé les expériences des survivants à travers trois domaines critiques : (1) la réponse de survie immédiate ; (2) le traitement émotionnel pendant l’événement traumatique ; et (3) l’intégration et la recherche de sens post-événement.
- Conception : Étude qualitative à méthodes mixtes, basée sur une approche phénoménologique dans un cadre réaliste critique.
- Participants : 45 survivants (25 hommes, 20 femmes) de l’attaque du festival Nova qui étaient sous l’influence de psychédéliques et ont recherché des soins psychiatriques pour des symptômes de stress post-traumatique.
- Recrutement : Les participants ont été recrutés par l’intermédiaire de l’ONG “Lev Batuach” (Cœur Sûr).
- Collecte de données : Des entretiens semi-structurés approfondis ont été menés entre novembre 2023 et janvier 2024 par des cliniciens formés au traumatisme.
- Analyse : Une analyse thématique a été conduite, examinant les expériences des participants selon trois domaines temporels : (1) l’impact immédiat sur la survie, (2) la gestion émotionnelle pendant l’événement, et (3) le traitement et l’intégration post-événement.
- Le concept de “dissociation psychédélique adaptative” (APD) a été identifié : un état combinant détachement émotionnel, déréalisation et comportements automatiques, tout en préservant une conscience fonctionnelle élevée.
- La majorité des participants ont rapporté que les substances avaient aidé leur survie immédiate (75% des utilisateurs de psychédéliques classiques ; 79% des utilisateurs d’empathogènes).
- Les substances ont également facilité la gestion émotionnelle pendant l’événement (83% pour les psychédéliques classiques ; 84% pour les empathogènes).
- L’intégration post-événement (traitement ultérieur) a montré des résultats mitigés, avec 42% (classiques) et 53% (empathogènes) rapportant des effets positifs, mais 25%-26% rapportant des défis accrus.
- Un schéma neuropénoménologique a émergé : les effets psychédéliques subjectifs semblaient supprimés pendant l’exposition aiguë au traumatisme (dominés par l’adrénaline) et resurgissaient une fois le participant en sécurité.
- Les connaissances antérieures des participants sur les drogues ont créé un “contenant épistémique”, leur permettant de contextualiser les distorsions perceptuelles comme des effets de la drogue plutôt que comme une perte de contrôle totale.
La dissociation induite par les psychédéliques lors d’un traumatisme aigu pourrait offrir des bénéfices adaptatifs immédiats (protection émotionnelle, fonctionnalité) mais compliquer l’intégration à long terme.
Le modèle de la “dissociation psychédélique adaptative” (APD) pourrait informer les futures pratiques de thérapie psychédélique assistée tenant compte des traumatismes.
Cela inclut l’ajustement des protocoles de dosage pour optimiser la fenêtre dissociative protectrice, le développement de stratégies de “contenance” (containment) qui reconnaissent l’APD comme adaptative plutôt que pathologique, et une attention particulière au rythme émotionnel pendant les sessions pour promouvoir la sécurité psychologique.
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