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Psychédélique(s) étudié(s) : DMT, LSD, Psilocybine
Publiée le 8 mars 2022
Type : Hypothèse et théorie
Auteurs : Daniel Villiger
Résumé :

L’étude observe une renaissance des psychédéliques dans la recherche clinique, avec des résultats prometteurs pour le traitement assisté par ces substances. Elle souligne le potentiel thérapeutique de cette approche, attribué à la combinaison synergique des interventions pharmacologiques et psychothérapeutiques.

Le document explore spécifiquement l’interaction entre les effets pharmacologiques et psychologiques du traitement assisté par les psychédéliques. En se basant sur l’hypothèse des croyances relâchées sous psychédéliques (REBUS) de Carhart-Harris et Friston, ainsi que sur le modèle contextuel de Wampold, l’auteur soutient que les psychédéliques amplifient les facteurs communs et, par conséquent, les effets curatifs de la psychothérapie.

Plus précisément, il est postulé que les psychédéliques atténuent la précision des prédictions de haut niveau, les rendant plus facilement révisables par des entrées ascendantes. La psychothérapie apporte une source essentielle de ces entrées, signalant un environnement sûr et favorable (le “setting”) et induisant des attentes de guérison (le “set”). L’étude suggère que ces signaux sont intégrés lors de la révision des prédictions de haut niveau, un processus renforcé et accéléré sous l’influence des psychédéliques, menant finalement à un soulagement des symptômes.

Objectif :

L’étude vise à fournir une explication complète de la manière dont les traitements assistés par les psychédéliques agissent sur le cerveau bayésien. Elle se propose d’intégrer les perspectives pharmacologiques et psychologiques des psychédéliques dans un cadre unifié, en se basant sur l’hypothèse REBUS et le modèle contextuel de Wampold.

L’objectif principal est d’analyser l’interaction entre les effets pharmacologiques des psychédéliques et les facteurs communs de la psychothérapie, afin de comprendre comment cette synergie conduit à des effets thérapeutiques.

Méthodologie :
  • Analyse théorique : L’étude s’appuie sur deux cadres explicatifs principaux : l’hypothèse des croyances relâchées sous psychédéliques (REBUS) de Carhart-Harris et Friston, qui se base sur le principe de l’énergie libre et le traitement prédictif, et le modèle contextuel de Wampold sur les facteurs communs de la psychothérapie.
  • Perspective pharmacologique : Elle examine comment les psychédéliques, en stimulant les récepteurs 5-HT2AR sur les cellules pyramidales profondes, atténuent la précision des prédictions de haut niveau, conduisant à un état de “cerveau anarchique” caractérisé par une influence accrue des entrées sensorielles ascendantes et une flexibilité accrue de l’activité cérébrale spontanée (hypothèse du cerveau entropique).
  • Perspective psychologique : L’étude analyse comment le traitement assisté par les psychédéliques interagit avec les trois voies des effets thérapeutiques du modèle de Wampold : la relation réelle, les attentes de guérison (set), et les ingrédients spécifiques (setting, séance psychédélique).
  • Cadre intégrateur : Elle propose une intégration de ces deux perspectives dans le cadre du traitement prédictif pour expliquer comment la sécurité, le soutien et les attentes thérapeutiques sont amplifiés et incorporés dans le modèle génératif du patient, conduisant à la révision des prédictions de haut niveau.
  • Formulation d’hypothèses empiriques : L’étude dérive des hypothèses testables par la recherche future concernant la corrélation entre les attentes des patients, la sécurité de l’environnement thérapeutique, la qualité de la relation patient-thérapeute (empathie, alliance) et le succès thérapeutique des séances psychédéliques.
Résultats principaux :
  • L’étude établit que les psychédéliques induisent un état de “cerveau anarchique” en atténuant la précision des prédictions de haut niveau, rendant ainsi le cerveau plus réceptif aux entrées sensorielles ascendantes et aux nouvelles informations.
  • Elle montre que cet état anarchique du cerveau augmente la suggestibilité, la sensibilité au contexte et la plasticité synaptique, créant des conditions propices à la révision des prédictions dysfonctionnelles de haut niveau qui sous-tendent les troubles mentaux.
  • Les psychédéliques amplifient l’effet de la relation réelle en renforçant le sentiment de connexion du patient avec le thérapeute et en permettant au patient de transférer la sécurité et la contrôlabilité de l’environnement thérapeutique à son modèle génératif.
  • L’étude suggère que les psychédéliques renforcent la voie des attentes en rendant les signaux ascendants des attentes de guérison plus influents et en offrant un vaste champ d’interprétation de l’expérience psychédélique, ce qui facilite l’intégration des nouvelles perspectives.
  • La séance psychédélique elle-même est identifiée comme un ingrédient spécifique bien défini qui génère des attentes de guérison et intensifie la relation réelle.
  • En conclusion, l’étude postule que les effets pharmacologiques des psychédéliques renforcent et accélèrent les effets psychologiques de la psychothérapie, transformant cette dernière en une intervention “surboostée” ou un “super placebo”.
Implications cliniques :

L’étude souligne que l’approche thérapeutique assistée par les psychédéliques fonctionne de manière optimale grâce à une interaction harmonieuse entre les interventions pharmacologiques et psychothérapeutiques. En affaiblissant la précision des prédictions de haut niveau par l’activation des récepteurs 5-HT2AR, les psychédéliques rendent les prédictions rigides et dysfonctionnelles, souvent à l’origine des troubles mentaux, plus susceptibles d’être révisées.

La psychothérapie, en fournissant un environnement sûr, en favorisant une relation thérapeutique authentique et en créant des attentes de guérison, devient une source cruciale d’entrées sensorielles ascendantes. Ces signaux de sécurité et de contrôlabilité sont ainsi plus facilement incorporés dans le modèle génératif du patient, et les attentes de guérison rencontrent moins d’obstacles dus à des prédictions de haut niveau contradictoires.

Les implications futures suggèrent que le traitement assisté par les psychédéliques peut transformer la psychothérapie en une intervention “surboostée” en amplifiant ses effets curatifs traditionnels. Cette synergie, qui intègre le “set” (attentes internes) et le “setting” (environnement externe), ouvre des pistes pour des recherches approfondies sur l’optimisation des protocoles thérapeutiques et la compréhension des mécanismes de changement profond induits par ces substances.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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