Aller au contenu
Psychédélique(s) étudié(s) : 5-MeO-DMT, Ayahuasca, DMT, DOI, LSD, MDMA, Mescaline, Psilocybine, Salvia divinorum
Publiée le 17 décembre 2021
Type : Revue
Auteurs : John R. Kelly, Claire M. Gillan, Jack Prenderville, Clare Kelly, Andrew Harkin, Gerard Clarke, Veronica O'Keane
Résumé :

L’étude présente un examen approfondi de la thérapie psychédélique et de ses effets transdiagnostiques, en se basant sur le cadre des Critères du Domaine de Recherche (RDoC). Elle souligne l’accumulation de preuves cliniques qui positionnent la thérapie psychédélique, combinant psychopharmacologie et soutien psychologique, comme une stratégie de traitement prometteuse. Cette approche transdiagnostique est pertinente pour un éventail de troubles caractérisés par des schémas habituels restrictifs et/ou inadaptés d’émotion, de cognition et de comportement, incluant la dépression (trouble dépressif majeur, dépression résistante au traitement) et les troubles de la dépendance, ainsi que potentiellement les troubles anxieux, le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et les troubles de l’alimentation.

Le document met en évidence que les dimensions cliniques spécifiques pour lesquelles les psychédéliques sont efficaces, ainsi que les voies neurobiologiques sous-jacentes associées, nécessitent encore une caractérisation approfondie. À cette fin, la revue synthétise les preuves précliniques et cliniques du potentiel thérapeutique aigu et soutenu de la thérapie psychédélique dans le contexte d’un cadre de systèmes dimensionnels transdiagnostiques.

Objectif :

L’étude vise à ancrer la recherche fondamentale et appliquée croissante sur les substances psychédéliques dans le cadre des Critères du Domaine de Recherche (RDoC) du National Institute of Mental Health, afin de structurer ce domaine en pleine expansion. Elle a pour objectif de décrire les mécanismes multimodaux sous-jacents aux effets thérapeutiques transdiagnostiques de la thérapie psychédélique, en explorant les niveaux moléculaire, cellulaire et de réseaux. Ces niveaux sont ensuite cartographiés aux construits RDoC des systèmes de valence négative et positive, de régulation de l’éveil, de traitement social, des systèmes cognitifs et sensorimoteurs. L’objectif final est de contribuer à une compréhension mécaniste de l’action des psychédéliques et à l’établissement d’un paradigme de thérapie psychédélique précis et personnalisé.

Méthodologie :
  • L’étude est une revue narrative conceptuelle qui analyse et synthétise les recherches existantes sur la thérapie psychédélique.
  • Elle se concentre sur les preuves précliniques et cliniques concernant le potentiel thérapeutique aigu et soutenu des substances psychédéliques.
  • La méthodologie principale consiste à utiliser les Critères du Domaine de Recherche (RDoC) comme cadre intégrateur pour organiser les données empiriques.
  • L’analyse couvre plusieurs niveaux d’investigation, allant des gènes aux molécules, protéines, cellules, circuits, physiologie, comportement, auto-rapports et paradigmes.
  • Elle vise à compléter les méta-analyses et revues existantes en structurant les données empiriques autour des critères RDoC pour progresser vers un paradigme de thérapie psychédélique basé sur les systèmes et précis-personnalisé.
Résultats principaux :
  • L’étude révèle que la thérapie psychédélique module les systèmes de valence négative (SVN), associés à la peur, l’anxiété et la perte, et les systèmes de valence positive (SVP), liés à la recherche de récompense et à l’apprentissage des habitudes.
  • Elle met en évidence des effets antidépresseurs et anxiolytiques immédiats et soutenus de la psilocybine dans les troubles dépressifs majeurs et résistants au traitement, ainsi que dans les troubles anxieux.
  • Les substances psychédéliques, comme la psilocybine et le LSD, atténuent la réactivité de l’amygdale et réduisent la rumination, des mécanismes transdiagnostiques clés dans plusieurs troubles psychiatriques.
  • La neuroplasticité est identifiée comme un mécanisme transdiagnostique central, les psychédéliques favorisant une reconfiguration rapide des circuits neuronaux, augmentant la densité des épines dendritiques et la synaptogenèse.
  • La thérapie psychédélique module les systèmes d’éveil et de régulation en activant le système nerveux sympathique et le système neuroendocrinien, augmentant les niveaux de cortisol et la prolactine.
  • Les substances psychédéliques altèrent les processus cognitifs sociaux, augmentant l’empathie, le sentiment de connexion et le comportement prosocial, tout en réduisant le sentiment d’exclusion sociale.
  • L’étude souligne que les psychédéliques modifient le traitement du soi, notamment en induisant une dissolution de l’ego, ce qui est pertinent pour les processus d’auto-référence excessive.
  • Les recherches montrent que les psychédéliques altèrent la connectivité des réseaux cérébraux, notamment en diminuant l’intégrité du réseau du mode par défaut (DMN), ce qui est associé à une flexibilité accrue.
  • Elles indiquent que les psychédéliques peuvent altérer certaines fonctions cognitives de manière dépendante de la dose, tout en améliorant la flexibilité psychologique et la résolution des problèmes.
  • Des effets neuroprotecteurs et anti-inflammatoires sont également suggérés, avec une modulation des cytokines et de l’axe microbiote-intestin-cerveau.
Implications cliniques :

Les avancées rapides dans la science psychédélique et la thérapie qui en découle mettent en lumière un potentiel significatif pour le développement de nouveaux composés dénués d’effets indésirables. Des essais cliniques randomisés et contrôlés à grande échelle sont nécessaires pour déterminer si la thérapie psychédélique se traduira par des bénéfices cliniques dans un large éventail de troubles du spectre non psychotique.

L’étude suggère que le potentiel thérapeutique transdiagnostique des psychédéliques pour les effets antidépresseurs, anxiolytiques et anti-addictifs pourrait être optimisé en déconstruisant les diagnostics psychiatriques catégoriels. Une approche basée sur des systèmes dimensionnels et des construits neurobiologiques, tels que ceux définis par les RDoC, pourrait permettre des applications plus ciblées et des résultats thérapeutiques améliorés.

L’intégration du cadre dimensionnel transdiagnostique RDoC avec la thérapie psychédélique représente une avancée vers un paradigme de traitement précis et personnalisé. Cette approche a le potentiel de combler le fossé translationnel entre les neurosciences et la psychiatrie, favorisant une compréhension systémique et une application plus efficace des psychédéliques pour les patients. Les futures recherches doivent continuer à explorer les cascades moléculaires et les voies de traitement de l’information à tous les niveaux d’analyse pour affiner ces stratégies.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

Retour en haut
Rechercher