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Psychédélique(s) étudié(s) : DMT, Ibogaïne, Kétamine, LSD, Mescaline, Psilocybine, Salvia divinorum
Publiée le 5 janvier 2023
Type : Recherche originale
Auteurs : Matthias Forstmann, Hannes S Kettner, Christina Sagioglou, Alexander Irvine, Sam Gandy, Robin L Carhart-Harris, David Luke
Résumé :

Des recherches antérieures rapportent une relation positive entre l’expérience des psychédéliques sérotoninergiques classiques et le lien avec la nature (NR). Cependant, ces études ne distinguent généralement pas les différents composés et ne clarifient pas si les résultats sont dus à l’usage de la substance elle-même ou à des variables non liées.

La présente étude vise à déterminer dans quelle mesure l’expérience de vie avec différentes substances psychédéliques prédit le lien auto-déclaré avec la nature (NR) chez les utilisateurs déjà expérimentés.

Une réanalyse combinée de cinq ensembles de données indépendants (N=3817) a été menée. Les résultats montrent que chez les personnes expérimentées avec les psychédéliques, seule l’utilisation passée de psilocybine (par rapport au LSD, à la mescaline, à la Salvia divinorum, à la kétamine et à l’ibogaïne) est un prédicteur fiable du NR et de ses sous-dimensions.

Des résultats plus faibles et moins fiables ont été obtenus pour la DMT, pharmacologiquement similaire. De plus, chez les personnes ayant une expérience exclusive de la psilocybine, la fréquence d’utilisation prédisait positivement le NR. Les auteurs concluent que l’expérience de la psilocybine est le seul prédicteur fiable (et le plus puissant) du NR.

Objectif :

L’objectif de cette étude était de déterminer le degré relatif auquel l’expérience de vie avec différentes substances psychédéliques prédit le lien auto-déclaré avec la nature (NR) parmi les utilisateurs expérimentés de psychédéliques.

Méthodologie :
  • Réalisation d’une réanalyse combinée de cinq ensembles de données indépendants (N total = 3817), collectés en ligne et hors ligne.
  • Utilisation d’analyses de régression standard et régularisées pour tester la relation entre le degré d’expérience (continu ou binaire) avec diverses substances psychédéliques et le NR.
  • Les analyses principales se sont concentrées sur un sous-échantillon de participants ayant déjà consommé au moins une substance psychédélique (N=1289 à N=1887, selon l’analyse) afin de contrôler les variables confusionnelles potentielles (personnalité, valeurs, etc.) qui différencient les utilisateurs des non-utilisateurs.
  • Le lien avec la nature (NR) a été évalué à l’aide des échelles NR de Nisbet et al. (versions à 6, 15 ou 21 items selon les échantillons).
  • L’expérience des substances a été mesurée soit sur des échelles continues (rescalées de 0 à 6), soit comme des indicateurs binaires (oui/non).
Résultats principaux :
  • Dans l’analyse principale portant sur les utilisateurs expérimentés (N=1289, données continues), seule l’expérience passée avec la psilocybine est apparue comme un prédicteur positif significatif du NR global.
  • Dans un sous-échantillon de participants ayant une expérience exclusive de la psilocybine (N=153), une fréquence d’utilisation plus élevée prédisait positivement un NR plus élevé.
  • En revanche, chez les utilisateurs exclusifs de LSD (n=96), aucune association n’a été trouvée entre la fréquence d’utilisation et le NR.
  • L’utilisation de la psilocybine prédisait significativement les trois sous-dimensions du NR (NR-self, NR-perspective, et NR-experience), l’effet le plus fort étant observé sur le NR-self (l’incorporation de la nature dans l’identité propre).
  • Des analyses secondaires utilisant des indicateurs binaires (oui/non) sur un échantillon plus large (N=1887) ont confirmé la psilocybine comme le prédicteur le plus puissant, bien que la DMT (structurellement similaire) soit également apparue comme un prédicteur positif, mais plus faible et moins fiable.
  • L’analyse d’un des échantillons (N=741) suggère que ni l’accès à la nature pendant l’expérience, ni la motivation à se connecter à la nature ne différaient suffisamment entre les substances (notamment psilocybine et LSD) pour expliquer seuls ces résultats.
Implications cliniques :

Le lien avec la nature (NR) est un facteur important contribuant à la santé mentale et au bien-être. Une augmentation du NR pourrait constituer l’une des voies par lesquelles la thérapie assistée par psychédéliques produit ses effets bénéfiques dans des populations cliniques, par exemple pour les troubles de l’humeur ou les addictions.

Les recherches futures examinant les effets des psychédéliques sur le NR devraient se concentrer en priorité sur la psilocybine.

Il est nécessaire de déterminer si des attributs pharmacologiques spécifiques, ou des différences dans les attentes des utilisateurs et le contexte d’utilisation (set/setting), sont responsables de cette observation spécifique à la psilocybine.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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