Cette analyse exploratoire post-hoc a examiné les facteurs susceptibles de prédire l’intensité des expériences mystiques et des expériences difficiles (“challenging experiences”) lors de la prise de psilocybine. Les données proviennent d’un essai clinique de phase 1 mené auprès de 89 volontaires sains ayant reçu une dose unique de placebo, de 10 mg ou de 25 mg de psilocybine.
Les résultats ont montré qu’une dose plus élevée était fortement associée à une plus grande intensité des expériences mystiques et difficiles. Un âge plus avancé était corrélé à des expériences difficiles de moindre intensité. Le trait de personnalité de névrosisme était, quant à lui, positivement corrélé à l’intensité des expériences difficiles, mais uniquement à la dose la plus forte (25 mg). Les autres traits de personnalité et l’humeur de base n’étaient pas des prédicteurs significatifs. Les auteurs concluent que le dosage est le prédicteur le plus fiable, mais que ces résultats exploratoires nécessitent d’être confirmés par des études plus larges.
Analyser les données d’un essai clinique existant pour explorer les facteurs (dosage, traits de personnalité, humeur, données démographiques) qui pourraient prédire l’intensité des expériences mystiques et des expériences difficiles induites par la psilocybine chez des volontaires sains.
- Type d’étude : Analyse post-hoc exploratoire des données d’un essai clinique de phase 1, randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo.
- Population : 89 volontaires sains, répartis en trois groupes : placebo (n=29), psilocybine 10 mg (n=30), et psilocybine 25 mg (n=30).
- Prédicteurs analysés : Le dosage de psilocybine, les traits de personnalité (selon le modèle des “Big Five”), l’humeur avant la session (positive et négative), l’âge, le sexe et l’expérience antérieure avec la psilocybine.
- Mesures des résultats : L’intensité de l’expérience mystique et de l’expérience difficile a été mesurée via des sous-échelles spécifiques (“Oceanic Boundlessness” et “Dread of Ego Dissolution”) du questionnaire 5D-ASC, administré juste après la session.
- Dosage : Le dosage s’est avéré être le prédicteur le plus puissant. Des doses plus élevées de psilocybine étaient fortement associées à une plus grande intensité des expériences mystiques et des expériences difficiles, par rapport au placebo.
- Âge : L’âge était négativement corrélé à l’intensité de l’expérience difficile. Les participants plus âgés avaient tendance à rapporter des expériences moins intenses sur le plan de l’anxiété et de la perte de contrôle.
- Personnalité : La plupart des traits de personnalité (y compris l’ouverture à l’expérience) n’ont montré aucune corrélation. Seul le névrosisme était positivement corrélé à l’intensité de l’expérience difficile, et ce, uniquement à la dose la plus élevée de 25 mg.
- Facteurs non significatifs : Dans cette analyse, l’humeur (positive ou négative) juste avant la session, le sexe et l’expérience préalable avec des psychédéliques n’ont pas montré de corrélation significative avec l’intensité des expériences mystiques ou difficiles.
Bien que ces résultats soient exploratoires et obtenus sur une population saine, ils apportent quelques pistes :
- Le dosage est le principal levier pour moduler l’intensité de l’expérience psychédélique.
- L’âge pourrait être un facteur protecteur contre les expériences difficiles, bien que les implications cliniques de ce constat restent limitées.
- La corrélation entre un niveau élevé de névrosisme et un risque accru d’expérience difficile à haute dose pourrait être pertinente pour le dépistage et la préparation des patients, mais cela nécessite d’être validé dans des populations cliniques.
- Les auteurs soulignent que ces conclusions ont une application clinique limitée à ce stade et doivent surtout servir à formuler des hypothèses pour de futures recherches plus ciblées et dotées d’une puissance statistique adéquate.
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