Cette étude est une analyse secondaire issue d’un essai clinique randomisé en double aveugle comparant l’efficacité de la psilocybine à celle d’un antidépresseur classique, l’escitalopram, chez des patients souffrant de dépression modérée à sévère. L’objectif était de déterminer si la psilocybine partage avec les antidépresseurs classiques la capacité de modifier le traitement de l’information émotionnelle.
Les chercheurs ont évalué les biais affectifs des patients à l’aide d’une tâche informatisée de reconnaissance des expressions faciales avant le traitement et six semaines après. Les résultats indiquent que les deux traitements réduisent le biais négatif de manière comparable. Cependant, la relation entre ce changement cognitif et l’amélioration clinique ultérieure diffère selon la substance administrée, suggérant des mécanismes d’action partiellement distincts.
L’étude visait à comparer les effets de la psilocybine et de l’escitalopram sur la cognition émotionnelle, spécifiquement pour voir si la psilocybine induit, comme les antidépresseurs conventionnels, un biais comportemental plus positif (ou moins négatif) dans le traitement des informations émotionnelles.
- Participants : 59 patients souffrant de trouble dépressif majeur modéré à sévère depuis longtemps ont été randomisés.
- Groupes de traitement :
- Groupe Psilocybine (n=30) : Deux doses de 25 mg de psilocybine espacées de 3 semaines, accompagnées de 6 semaines de placebo quotidien.
- Groupe Escitalopram (n=29) : Deux doses de 1 mg de psilocybine (dose contrôle) espacées de 3 semaines, accompagnées de 6 semaines d’escitalopram oral quotidien.
- Tous les patients ont reçu le même soutien psychologique.
- Mesures :
- Tâche de reconnaissance des expressions faciales (FERT) effectuée au départ et à la semaine 6 (point final principal).
- Inventaire rapide de la symptomatologie dépressive (QIDS-SR-16) pour mesurer la sévérité de la dépression.
- Analyse : Comparaison des changements dans la précision et les temps de réaction face aux émotions, et corrélation de ces changements avec l’évolution clinique à 6 et 10 semaines.
- Les deux traitements ont entraîné une réduction significative du biais négatif dans la reconnaissance des expressions faciales à la semaine 6, sans différence statistique entre les deux groupes.
- Les patients des deux groupes sont devenus moins précis pour reconnaître les visages négatifs et ont fait moins d’erreurs consistant à classer des visages positifs comme négatifs.
- Aucune association n’a été trouvée entre le changement de biais affectif et le changement de score de dépression mesuré simultanément à la semaine 6.
- Une corrélation longitudinale significative a été observée uniquement dans le groupe escitalopram : une diminution des erreurs de classification des visages positifs (perçus comme négatifs) à la semaine 6 était associée à une diminution des scores de dépression à la semaine 10 (suivi à un mois). Cette association n’était pas significative pour le groupe psilocybine.
Ces résultats suggèrent que la psilocybine et l’escitalopram partagent une capacité à induire un biais de traitement émotionnel plus positif par rapport au niveau de base. Cela met en évidence un chevauchement potentiel dans les mécanismes cognitifs de ces deux traitements distincts.
Cependant, le fait que le changement de biais prédise l’amélioration clinique future uniquement pour l’escitalopram soutient le modèle selon lequel les ISRS agissent en modifiant le traitement émotionnel, ce qui nécessite ensuite une interaction avec l’environnement pour améliorer l’humeur. Pour la psilocybine, l’absence de cette corrélation suggère que d’autres mécanismes pourraient être plus déterminants ou que le lien entre biais cognitif et amélioration clinique opère différemment.
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