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Psychédélique(s) étudié(s) : Psilocybine
Publiée le 9 juillet 2025
Type : Recherche originale
Auteurs : Stephanie Muller, Federico Cavanna, Laura de la Fuente, Nicolás Bruno, Tomás Ariel D'Amelio, Carla Pallavicini, Enzo Tagliazucchi
Résumé :

Cette étude examine l’impact de doses faibles versus élevées de psilocybine sur les mouvements oculaires lors de l’exploration de stimuli visuels complexes dans des conditions semi-naturalistes, en se concentrant sur la perception esthétique.

Un protocole auto-aveuglé a été utilisé avec 23 participants (15 analysés pour l’oculométrie) qui ont visualisé 30 peintures classiques pendant 30 secondes chacune, sous l’effet de doses élevées (~3g) et faibles (~0,5g) de champignons psilocybe séparées d’un mois.

Les doses élevées ont entraîné une exploration visuelle plus locale des peintures et une distribution moins entropique des fixations, suggérant une attention spatiale plus restreinte sous psilocybine.

Objectif :

Quantifier les effets de la psilocybine sur le comportement du regard et la perception esthétique en utilisant l’oculométrie, afin de dépasser les limites des rapports subjectifs et d’examiner les modifications objectives du traitement perceptuel sous psychédéliques.

Méthodologie :
  • Conception croisée randomisée auto-aveuglée avec contrôle actif (dose faible)
  • 23 participants (15 pour l’analyse oculométrique finale) ayant une expérience préalable des psychédéliques
  • Oculométrie avec tracker Gazepoint GP3 HD (150 Hz, précision 0,5-1,0°)
  • Présentation de 30 peintures classiques (30s chacune) avec évaluations de valence émotionnelle et de beauté
  • Mesures : nombre de fixations, distances entre fixations consécutives et toutes paires, entropie de Shannon
  • Questionnaires : échelles visuelles analogiques (VAS), Questionnaire d’Expérience Esthétique (AEQ)
  • Sessions séparées d’un mois pour éviter les effets de tolérance
  • Conditions expérimentales inconnues des participants et chercheurs jusqu’à l’analyse
Résultats principaux :
  • Réduction significative des distances entre fixations consécutives (p = 0,007) et entre toutes paires de fixations (p = 0,035)
  • Diminution de l’entropie de Shannon pour toutes les tailles de bins (p < 0,05), indiquant une distribution spatiale moins entropique
  • Réduction de la variabilité des distances entre fixations (écarts-types : p = 0,018 et p = 0,035)
  • Augmentation significative de la réponse émotionnelle (p = 0,004) et de l’expérience de flow (p = 0,015) selon l’AEQ
  • Aucun effet sur les évaluations de beauté ou valence émotionnelle par stimulus individuel
  • Décorrélation entre distance de fixation et réponse émotionnelle sous dose élevée (r = 0,079 vs r = 0,71 sous contrôle)
  • 91% de précision dans l’identification de la condition expérimentale par les participants
Implications cliniques :

Cette étude révèle une dissociation entre les aspects perceptuels et évaluatifs de l’expérience esthétique sous psilocybine.

La réduction de l’entropie et l’exploration plus locale suggèrent que la psilocybine pourrait influencer les fixations du regard en altérant la perception des caractéristiques visuelles de bas niveau, notamment les textures, formes et couleurs.

Ces résultats remettent en question l’hypothèse REBUS d’une exploration plus entropique sous psychédéliques et suggèrent plutôt un mode de perception focalisé sur les détails locaux, compatible avec les descriptions phénoménologiques de l’attention psychédélique aux détails visuels insignifiants.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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