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Psychédélique(s) étudié(s) : Psilocybine
Publiée le 21 août 2025
Type : Etude préclinique
Auteurs : James J. Gattuso, Geraldine Kong, Bilgenur Bezcioglu, Da Lu, Millicent N. Ekwudo, Carey Wilson, Carolina Gubert, Anthony J. Hannan, Thibault Renoir
Résumé :

Cette étude a examiné les effets de l’administration chronique de psilocybine sur la fonction intestinale, le microbiome et le comportement chez des souris sauvages (WT) et des souris knockout pour le gène SAPAP3 (KO), un modèle animal reproduisant des phénotypes similaires au trouble obsessionnel-compulsif (TOC). Les résultats montrent que les souris SAPAP3 KO présentent des déficits sociaux et que la psilocybine chronique augmente la sociabilité chez les souris WT mâles.

Bien qu’aucun effet thérapeutique sur l’anxiété ou les comportements compulsifs et dépressifs n’ait été observé, le traitement n’a pas non plus induit de comportements psychotiques. La psilocybine a eu un effet dose-dépendant sur la motilité intestinale et a réduit l’abondance de certaines bactéries (Lactobacillus et Alistipes) spécifiquement chez les souris mâles WT. Une analyse intégrative a révélé des corrélations entre des groupes de microbes et des comportements spécifiques comme la sociabilité, la locomotion ou la réponse de sursaut, suggérant que la psilocybine pourrait agir via des voies distinctes impliquant l’axe microbiote-intestin-cerveau.

Objectif :

L’étude visait à évaluer les effets d’une administration chronique de psilocybine à faible dose (0.1 mg/kg) et à dose modérée-élevée (1 mg/kg) sur diverses mesures comportementales et intestinales. Elle a été menée sur des souris mâles et femelles, de type sauvage et knockout SAPAP3 (un modèle de TOC). L’hypothèse était que le traitement chronique à la psilocybine modifierait significativement le microbiome intestinal et que la faible dose, mais pas la dose élevée, produirait des effets thérapeutiques chez le modèle de souris SAPAP3 KO.

Méthodologie :
  • Sujets : L’étude a utilisé 95 souris mâles et femelles, de type sauvage (WT) et knockout pour le gène SAPAP3 (KO), un modèle de TOC, âgées de 4 à 7 mois.
  • Traitement : Les souris ont reçu quotidiennement de la psilocybine par gavage oral (0.1 mg/kg ou 1 mg/kg) ou un véhicule (eau), cinq jours par semaine pendant cinq semaines.
  • Évaluations comportementales : Les chercheurs ont mesuré l’activité locomotrice, la réponse de secousse de la tête (un indicateur d’effets hallucinogènes), l’anxiété (boîte clair-obscur), les comportements compulsifs (toilettage), la sociabilité (test d’interaction sociale) et la réponse de sursaut (inhibition du pré-pouls).
  • Fonction intestinale : Le temps de transit intestinal, le débit fécal et la teneur en eau des selles ont été mesurés.
  • Analyse du microbiome : La composition du microbiote fécal a été analysée par séquençage complet de l’ARNr 16S.
  • Analyse intégrative : Les liens entre les données du microbiome et les données comportementales ont été explorés à l’aide d’une approche statistique supervisée (DIABLO).
Résultats principaux :
  • Sociabilité : Les souris SAPAP3 KO ont montré une sociabilité réduite. La psilocybine chronique (1 mg/kg) a augmenté la sociabilité chez les souris mâles de type sauvage, mais n’a pas corrigé le déficit chez les souris KO.
  • Comportement de type TOC : Aucun des deux dosages de psilocybine n’a réduit les comportements de toilettage excessif (compulsif) ou d’anxiété chez les souris SAPAP3 KO.
  • Effets psychomimétiques : Le traitement chronique n’a pas altéré l’inhibition du pré-pouls, suggérant l’absence d’induction d’un phénotype de type psychotique. Cependant, la psilocybine a augmenté de manière dose-dépendante la réponse de secousse de la tête, indiquant des propriétés de type hallucinogène aux deux doses.
  • Fonction intestinale : La psilocybine a augmenté le temps de transit intestinal de manière dose-dépendante chez toutes les souris.
  • Microbiome : Bien que la diversité globale du microbiome n’ait pas été significativement modifiée, la psilocybine a diminué l’abondance de certaines espèces de Lactobacillus et d’Alistipes uniquement chez les souris mâles de type sauvage.
Implications cliniques :

Ces résultats soulignent que l’administration chronique de psilocybine a des effets complexes et spécifiques au sexe et au génotype sur le comportement et le microbiome intestinal. Le fait que les altérations du microbiome n’aient été observées que chez les souris mâles WT suggère que le sexe est un facteur crucial dans la recherche sur les psychédéliques.

L’absence d’effet thérapeutique sur le modèle de TOC, contrairement à des études précédentes avec une dose unique, suggère que des administrations moins fréquentes pourraient être plus efficaces pour les comportements compulsifs. Enfin, l’étude ouvre des pistes pour des traitements combinés, associant par exemple la psilocybine à des probiotiques, afin de cibler l’axe microbiote-intestin-cerveau pour de meilleurs résultats thérapeutiques.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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