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Psychédélique(s) étudié(s) : Psilocybine
Publiée le 18 mars 2021
Type : Recherche originale
Auteurs : Stephen Ross, Gabrielle Agin-Liebes, Sharon Lo, Richard J. Zeifman, Leila Ghazal, Julia Benville, Silvia Franco Corso, Christian Bjerre Real, Jeffrey Guss, Anthony Bossis et Sarah E. Mennenga
Résumé :

Les personnes atteintes d’un cancer avancé présentent un risque accru de désir de mort anticipée et d’idées suicidaires. La perte de sens, une composante de la démoralisation, est souvent exacerbée par le diagnostic de cancer et constitue un facteur prédictif de ces risques. Cette publication présente des analyses secondaires d’un essai contrôlé randomisé qui démontre que la psychothérapie assistée par la psilocybine (PAP) entraîne des améliorations rapides et durables de la dépression et de la démoralisation chez les patients atteints de cancer.

L’hypothèse testée ici est que la PAP soulage les idées suicidaires grâce à ses effets bénéfiques sur la dépression et la démoralisation, en particulier la perte de sens. Les résultats montrent que chez les participants présentant des idées suicidaires élevées au départ, la PAP est associée à des réductions de ces idées dès 8 heures après l’administration, persistant jusqu’à 6 mois et demi. Le traitement entraîne également des réductions importantes de la perte de sens, visibles dès 2 semaines et se maintenant jusqu’à 4 ans et 6 mois.

Objectif :

Cette étude a pour objectifs de :

  1. Déterminer si une séance de psychothérapie assistée par une dose unique de psilocybine soulage de manière aiguë les idées suicidaires et la perte de sens.
  2. Évaluer la longévité de ces réductions.
  3. Examiner les relations entre les idées suicidaires, d’autres symptômes dépressifs, et les médiateurs potentiels des effets antisuicidaires de la psilocybine, tels que la démoralisation, le désespoir et le bien-être spirituel chez les personnes atteintes de cancer.
Méthodologie :
  • Type d’étude : Il s’agit d’analyses post-hoc de données issues d’un essai clinique randomisé, en double aveugle, croisé et contrôlé par placebo.
  • Participants : Les analyses portent sur un sous-échantillon de 11 participants de l’essai original qui présentent des idées suicidaires détectables au début de l’étude. Ces participants souffrent d’anxiété et/ou de dépression cliniquement significatives liées à un cancer potentiellement mortel.
  • Intervention : L’essai original compare une dose unique de psilocybine (0,3 mg/kg) à un contrôle actif (niacine 250 mg), toutes deux administrées en conjonction avec une psychothérapie. Le devis est croisé, ce qui signifie que tous les participants reçoivent la psilocybine à un moment donné.
  • Évaluation :
    • Idées suicidaires (IS) : Un score composite est créé à partir de deux questionnaires, le Beck Depression Inventory-II (BDI-II) et le Brief Symptom Inventory (BSI).
    • Perte de sens (LoM) : Évaluée à l’aide d’un facteur de l’échelle de démoralisation (Demoralization Scale, DS).
    • Autres mesures : Le désespoir (HAI), le bien-être spirituel (FACIT-Sp-12) et d’autres symptômes dépressifs (BDI-II sans les items sur le suicide) sont également évalués.
    • Chronologie : Les évaluations ont lieu au départ, puis à 8 heures, 2 semaines, 7 semaines, 6 mois et demi, environ 3 ans et 2 mois et 4 ans et 6 mois après le traitement.
Résultats principaux :
  • Effets aigus : Dans le groupe recevant la psilocybine en premier, des réductions significatives des idées suicidaires sont observées dès 8 heures après l’administration et se maintiennent jusqu’à 7 semaines. Une différence significative entre les groupes est observée pour la perte de sens à 2 semaines post-traitement en faveur de la psilocybine.
  • Effets à long terme : Après le croisement (où tous les participants ont reçu la psilocybine), les réductions des idées suicidaires restent significatives à 6 mois et demi. Les réductions de la perte de sens restent significatives jusqu’aux suivis à environ 3 ans et 2 mois et 4 ans et 6 mois.
  • Corrélations : Une corrélation positive modérée est trouvée entre les scores de perte de sens et les scores d’idées suicidaires. De plus, les réductions des idées suicidaires sont fortement corrélées avec les réductions des autres symptômes dépressifs.
Implications cliniques :

Les résultats suggèrent que la psychothérapie assistée par la psilocybine pourrait être une modalité de traitement novatrice pour les idées suicidaires liées au cancer avancé, agissant rapidement et avec des effets durables. Si ces effets sont confirmés, la psilocybine pourrait représenter une nouvelle voie de traitement pour le trouble dépressif majeur chez les personnes suicidaires.

Le traitement pourrait être appliqué à différents stades du cancer pour cibler des facteurs de risque comme la dépression, la douleur et la détresse existentielle, servant potentiellement d’intervention préventive pour empêcher la progression de la perte de sens vers des idées et comportements suicidaires manifestes.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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