Cette étude démontre pour la première fois que les rats, comme les humains, perçoivent des distorsions visuelles sous l’influence de la psilocine.
Les chercheurs ont développé une tâche de discrimination visuelle à 2 choix où les participants (humains et rats mâles) devaient indiquer si une image apparaissait statique ou en mouvement. Chez les humains, les performances ont été comparées à l’intensité des hallucinations auto-rapportées, aux scores de l’échelle des États Modifiés de Conscience et aux niveaux plasmatiques de psilocine.
Les deux espèces ont montré une altération significative de leur capacité à distinguer les stimuli visuels statiques des stimuli dynamiques sous l’influence de la psilocine. Cette découverte ouvre la voie à de nouveaux modèles précliniques pour étudier la neurobiologie des hallucinations visuelles.
Évaluer les distorsions visuelles induites par la psilocine en utilisant une tâche de discrimination visuelle objective chez les humains et les rats.
Tester l’hypothèse que la psilocine altère la capacité à distinguer les images statiques des images dynamiques, conduisant à une tendance accrue à classifier incorrectement les stimuli statiques comme dynamiques.
- Étude croisée en double aveugle contrôlée par placebo chez 21 volontaires sains (10 femmes, âgés de 28 à 53 ans)
- Administration orale de psilocybine à 0,26 mg/kg (dose hallucinogène complète)
- Tâche de discrimination visuelle à 65, 165 et 265 minutes post-administration
- Évaluation des effets subjectifs avec l’échelle ASC à 380 minutes
- Quantification de la psilocine par chromatographie liquide-spectrométrie de masse en tandem
- Chez les rats : 10 rats mâles Long-Evans, injection sous-cutanée de psilocine 0,3 mg/kg
- Maze de discrimination visuelle avec 2 tâches distinctes : basée sur la luminance et basée sur le mouvement
- Analyse du temps de décision comme marqueur comportemental objectif
- Altération significative chez les deux espèces pour distinguer les stimuli visuels statiques des stimuli dynamiques
- Chez les humains : réduction de la précision de 98,7% (placebo) à 76,0% (psilocybine)
- L’altération suivait le profil temporel des niveaux plasmatiques de psilocine et de l’intensité des hallucinations
- Corrélations significatives entre l’altération discriminatoire, les niveaux de psilocine et l’intensité hallucinatoire
- Chez les rats : altération sélective de la performance dans la tâche basée sur le mouvement
- La tâche basée sur la luminance restait intacte, indiquant un effet spécifique sur la perception visuelle
- Le temps de décision était inversement corrélé à la performance discriminatoire
- Les visages humains étaient plus susceptibles d’induire un mouvement apparent que les ellipsoïdes simples
Cette recherche établit le premier modèle animal objectif pour quantifier les distorsions visuelles induites par les substances, offrant un outil précieux pour investiguer la neurobiologie de la perception visuelle altérée.
Le modèle de rat pour les hallucinations pourrait contribuer au développement et à l’évaluation de nouveaux traitements pour les troubles comme la schizophrénie et la maladie de Parkinson, où les hallucinations visuelles sont fréquentes.
Cette approche permettra d’étudier la propagation des stimuli en temps réel depuis la rétine jusqu’aux aires corticales supérieures pour identifier précisément où naissent les distorsions visuelles.
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