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Psychédélique(s) étudié(s) : LSD
Publiée le 17 juin 2025
Type : Etude préclinique
Auteurs : Beatriz de S. Carrilho, Aline Duarte, Ariane Moura, Matheus Antonio V. de C. Ventura, Francisco Moll, Hugo Aguilaniu, Ivan Domith, Stevens Rehen
Résumé :

Cette recherche préclinique révèle un aspect inattendu du LSD : sa capacité à prolonger significativement la durée de vie chez le ver modèle Caenorhabditis elegans. Au-delà de l’extension de 25% de la longévité observée, l’étude démontre que le LSD retarde les marqueurs cellulaires du vieillissement, notamment l’accumulation de lipofuscine.

L’originalité de cette découverte réside dans l’identification des mécanismes sous-jacents : le LSD reproduit les effets bénéfiques de la restriction calorique sans réduire l’apport alimentaire. Cette substance psychédélique active des voies de signalisation évolutivement conservées, particulièrement l’inhibition de la voie TOR et la translocation nucléaire du facteur de transcription PHA-4/FOXA.

Les implications s’étendent au-delà du simple allongement de la vie : réduction de la production reproductive, diminution des réserves lipidiques et modulation de la synthèse protéique globale caractérisent ce phénotype de type restriction calorique. Ces effets géroprotecteurs persistent même avec des expositions courtes de 24 à 120 heures.

Objectif :

Investiguer les effets du LSD sur la longévité et identifier les mécanismes moléculaires par lesquels cette substance psychédélique module les voies de signalisation conservées liées au vieillissement, en particulier celles mimant la restriction calorique.

Méthodologie :
  • Utilisation du modèle C. elegans avec synchronisation par blanchiment et traitement par LSD à 1 μM
  • Évaluation de la longévité par courbes de survie de Kaplan-Meier sur différentes durées d’exposition
  • Quantification de la lipofuscine par microscopie confocale comme marqueur du vieillissement
  • Analyse des phénotypes de type restriction calorique : ponte, taille corporelle, contenu lipidique
  • Mesure de la localisation nucléaire de PHA-4::GFP et des niveaux de DAF-15::mNG
  • Évaluation de la synthèse protéique par kit Click-iT OPP et du développement vulvaire
  • Tests sur mutants ser-1 et ser-4 pour identifier les récepteurs sérotoninergiques impliqués
  • Quantification du pompage pharyngé pour évaluer la prise alimentaire
Résultats principaux :
  • Extension significative de 25% de la durée de vie avec traitement chronique au LSD
  • Réduction substantielle de l’accumulation de lipofuscine (80,7% au jour 10, 56% au jour 15 vs contrôles)
  • Effets géroprotecteurs détectables même avec expositions courtes (24-120h), produisant 11-12% d’extension
  • Dépendance aux récepteurs sérotoninergiques SER-1 et SER-4 pour les effets de longévité
  • Reproduction fidèle des phénotypes de restriction calorique :
    • Réduction de la ponte et de la taille corporelle
    • Diminution des réserves lipidiques aux temps tardifs
    • Translocation nucléaire accrue de PHA-4/FOXA
  • Modulation biphasique de la voie TOR : activation précoce suivie d’inhibition chronique
  • Réduction de la synthèse protéique et des niveaux de DAF-15 après traitement prolongé
  • Absence d’effet sur la prise alimentaire (pompage pharyngé inchangé)
Implications cliniques :

Cette découverte ouvre des perspectives révolutionnaires dans le développement de stratégies géroprotectrices. L’identification du LSD comme mimétique de restriction calorique suggère que les substances psychédéliques pourraient constituer une nouvelle classe d’interventions anti-vieillissement.

Contrairement aux approches traditionnelles comme la rapamycine, associée à des effets métaboliques délétères, le LSD présente un profil de sécurité métabolique potentiellement favorable. Les données épidémiologiques existantes montrent des associations entre l’usage de psychédéliques et la réduction des risques de diabète et de maladies cardiovasculaires.

L’effet biphasique sur la signalisation TOR révèle une sophistication mécanistique remarquable : activation initiale favorisant la neuroplasticité, suivie d’une inhibition prolongée mimant les bénéfices de la restriction calorique. Cette dualité temporelle pourrait expliquer l’efficacité thérapeutique des psychédéliques au-delà de leurs effets neuropsychiatriques.

Ces résultats appellent à des investigations translationnelles pour explorer les applications gérontologiques des psychédéliques chez les organismes supérieurs, tout en considérant les implications éthiques et réglementaires de telles approches.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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