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Psychédélique(s) étudié(s) : Ibogaïne
Publiée le 3 octobre 2025
Type : Recherche originale
Auteurs : Jannik Nicklas Eliasen, Amir Rezagholizadeh, Helene Påbøl Jacobsen, Uffe Kristiansen, Kristi A. Kohlmeier
Résumé :

La dépression et les troubles liés à l’usage de substances touchent des millions de personnes, avec des facteurs de risque incluant le sexe. Les psychédéliques, comme l’ibogaïne, présentent des propriétés à la fois anti-addictives et antidépressives, mais leurs mécanismes cellulaires restent mal compris.

Cette étude a évalué pour la première fois les effets de l’ibogaïne sur les neurones potentiellement GABAergiques de l’aire tegmentale ventrale (ATV), une zone cérébrale qui module les émotions et les comportements motivés.

Les résultats montrent que l’ibogaïne n’a pas d’effet sur les courants ou le potentiel de membrane. Cependant, elle diminue la fréquence de décharge des potentiels d’action chez les mâles, mais pas chez les femelles. Inversement, elle modifie la cinétique de la post-hyperpolarisation chez les femelles, mais pas chez les mâles. De plus, à l’état de base, les neurones des mâles déchargent à une fréquence significativement plus élevée que ceux des femelles. Ces données suggèrent que l’ibogaïne induit des changements dans la signalisation neuronale qui diffèrent selon le sexe, ce qui pourrait contribuer à ses actions thérapeutiques.

Objectif :

L’étude vise à évaluer les effets cellulaires, membranaires et synaptiques de l’ibogaïne sur les neurones potentiellement GABAergiques de l’aire tegmentale ventrale (ATV), en examinant les différences entre les sexes pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à son potentiel thérapeutique contre la dépression et les troubles liés à l’usage de substances.

Méthodologie :
  • L’étude a été menée sur des coupes de cerveau de souris mâles (n=14) et femelles (n=16).
  • Les techniques d’électrophysiologie en patch-clamp et d’imagerie calcique ont été utilisées.
  • Les neurones de l’ATV ont été identifiés comme potentiellement GABAergiques sur la base de l’absence de courant Ih.
  • Les effets de l’ibogaïne (100 µM) ont été évalués sur plusieurs paramètres : courants membranaires, potentiel de membrane, fréquence de décharge des potentiels d’action, post-hyperpolarisation (AHP), excitabilité (rhéobase), et courants synaptiques excitateurs spontanés (sEPSCs).
  • Une comparaison des propriétés électrophysiologiques de base a également été effectuée entre les neurones mâles et femelles.
Résultats principaux :
  • Effets dépendants du sexe : L’ibogaïne a diminué de manière significative la fréquence de décharge des potentiels d’action chez les neurones mâles, alors que les neurones femelles n’ont pas été affectés. Inversement, elle a réduit la durée et l’amplitude de la post-hyperpolarisation (AHP) chez les femelles, mais pas chez les mâles.
  • Absence d’effets sur les propriétés passives : L’ibogaïne n’a modifié ni les courants membranaires, ni le potentiel de membrane, ni la relation courant-tension, ni la rhéobase (excitabilité) chez les deux sexes.
  • Imagerie calcique : L’ibogaïne a provoqué des augmentations du calcium intracellulaire dans la majorité des neurones chez les mâles comme chez les femelles.
  • Transmission synaptique : Aucun changement dans la fréquence ou l’amplitude des courants synaptiques excitateurs spontanés (sEPSCs) n’a été observé, suggérant que l’ibogaïne n’affecte pas la transmission synaptique excitatrice.
  • Différences de base entre les sexes : À l’état de base, les neurones des mâles présentaient une fréquence de décharge de potentiels d’action significativement plus élevée que celle des femelles.
Implications cliniques :

Cette étude est la première à démontrer que l’ibogaïne induit des modifications dépendantes du sexe sur l’activité des neurones potentiellement GABAergiques de l’ATV. Chez les mâles, la réduction de l’activité de ces neurones inhibiteurs pourrait entraîner une désinhibition des neurones à dopamine, ce qui pourrait renforcer la signalisation dopaminergique.

Ce mécanisme, spécifique aux mâles dans cette étude, suggère que les effets antidépresseurs et anti-addictifs de l’ibogaïne pourraient être plus prononcés ou mécanistiquement distincts chez les hommes. Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte le sexe comme une variable biologique essentielle dans la recherche et l’application thérapeutique de l’ibogaïne, afin de développer des traitements plus personnalisés pour les troubles de santé mentale.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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