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Psychédélique(s) étudié(s) : DMT, LSD, Mescaline, Psilocybine
Publiée le 29 novembre 2021
Type : Revue
Auteurs : Ron Cole-Turner
Résumé :

L’étude analyse la proposition de William James de 1902 selon laquelle les états d’expérience mystique, au cœur de sa conception de l’expérience religieuse, peuvent être identifiés par leur ineffabilité et leur qualité noétique. La catégorie épistémologique de la qualité noétique, telle que modifiée par W. T. Stace en 1960, joue un rôle central mais parfois déroutant dans la recherche biomédicale actuelle impliquant les substances psychédéliques comme la psilocybine et le LSD. En utilisant des échelles basées sur James, il est démontré que les psychédéliques « provoquent de manière fiable » des états subjectifs intenses ou des états mystiques.

La question de savoir si ces états sont nécessaires pour la vaste gamme de bénéfices thérapeutiques potentiels pour la santé mentale qui semblent en découler est débattue. L’article examine ce que James a dit sur la qualité noétique et sa relation avec l’expérience religieuse, l’épistémologie et les états d’expérience mystique. Il explore comment la qualité noétique est mesurée dans la recherche actuelle, abordant une liste croissante de préoccupations selon lesquelles la science psychédélique pourrait être épistémologiquement biaisée, hostile aux vues athées ou physicalistes, injecter indûment la religion dans la science, ou qu’elle doive trouver des moyens d’éliminer l’élément mystique, voire l’expérience subjective intense dans son ensemble.

Objectif :

L’étude vise à analyser la conception de William James concernant la qualité noétique et son lien avec l’expérience religieuse, l’épistémologie et les états mystiques. L’auteur explore également les méthodes actuelles de mesure de la qualité noétique dans la recherche contemporaine.

Un autre objectif est d’examiner les préoccupations croissantes selon lesquelles la science psychédélique pourrait être sujette à des biais épistémologiques, hostile aux perspectives athées ou physicalistes, ou qu’elle introduirait de manière inappropriée la religion dans le domaine scientifique. L’étude cherche à savoir si la recherche doit trouver des moyens d’éliminer l’élément mystique, ou même l’expérience subjective intense dans sa totalité, pour avancer.

Méthodologie :
  • L’étude repose sur une analyse conceptuelle de l’œuvre de William James, en se concentrant sur son livre fondamental « Les Variétés de l’Expérience Religieuse » publié en 1902.
  • Elle examine les modifications et les développements apportés à la notion de qualité noétique par W. T. Stace dans son ouvrage « Mysticism and Philosophy » (1960).
  • La méthodologie inclut une revue de l’évolution du Questionnaire d’Expérience Mystique (MEQ), notamment le MEQ30, qui découle des travaux de Pahnke (expérience de la Chapelle Marsh, 1962) et des révisions ultérieures par Richards et Griffiths.
  • L’auteur procède à une discussion des débats actuels au sein de la communauté scientifique concernant la nécessité des effets subjectifs, y compris la qualité noétique, pour l’efficacité thérapeutique des thérapéliques assistées par psychédéliques.
  • Une partie de la méthodologie consiste à analyser le modèle REBUS (RElaxed Beliefs Under pSychedelics) comme cadre neurobiologique expliquant les changements de croyances induits par les psychédéliques.
  • L’étude intègre une critique des implications épistémologiques et éthiques soulevées par l’intégration des expériences mystiques dans la recherche scientifique sur les psychédéliques.
Résultats principaux :
  • L’étude confirme que William James a établi la qualité noétique comme une caractéristique fondamentale de l’expérience mystique, impliquant une connaissance de vérités profondes.
  • Il est observé que la validité de la qualité noétique, selon James, ne dépend pas de la cause de l’expérience, y compris l’usage de substances.
  • Le Questionnaire d’Expérience Mystique Révisé (MEQ30), issu des travaux de James et Stace, intègre toujours des éléments directement liés à la qualité noétique, soulignant sa persistance et sa pertinence dans la recherche contemporaine.
  • Les recherches actuelles montrent que les substances psychédéliques provoquent de manière fiable des expériences subjectives intenses, souvent qualifiées de mystiques, avec des rapports élevés de qualité noétique.
  • Un débat central persiste concernant la nécessité de ces effets subjectifs et mystiques (y compris la qualité noétique) pour l’obtention des bénéfices thérapeutiques des psychédéliques.
  • Les données suggèrent une corrélation entre les expériences mystiques définies par le MEQ (incluant la qualité noétique) et des améliorations thérapeutiques à long terme, telles que le sevrage tabagique et la réduction de la dépression.
  • Le modèle REBUS (RElaxed Beliefs Under pSychedelics) propose que les psychédéliques assouplissent les « croyances antérieures » de haut niveau, favorisant des changements de perspective et des effets thérapeutiques, perçus comme des expériences noétiques.
  • Il est constaté que les expériences psychédéliques sont associées à des changements de croyances métaphysiques, s’éloignant du physicalisme vers des perspectives « panpsychistes » ou « spirituelles », ces changements étant corrélés à une amélioration de la santé mentale.
  • Ces modifications des croyances soulèvent des questions éthiques importantes concernant le consentement éclairé et le risque de « délires réconfortants ».
  • La conception jamesienne de la qualité noétique encourage une « humilité épistémique », reconnaissant les limites de la conscience ordinaire et ouvrant la voie à d’autres modes de connaissance, ce qui reste pertinent dans les discussions scientifiques actuelles.
Implications cliniques :

L’étude souligne l’importance continue de la conception de la qualité noétique de James, ce qui implique la nécessité d’approches interdisciplinaires dans la recherche psychédélique, fusionnant la philosophie, la psychologie et les neurosciences pour une compréhension holistique. Le débat actuel sur la nécessité des expériences mystiques pour les bénéfices thérapeutiques suggère deux voies : le développement de modèles laïcisés de l’expérience subjective ou une concentration exclusive sur les mécanismes neurobiologiques.

Les changements observés dans les croyances métaphysiques des participants soulèvent des considérations éthiques cruciales pour la thérapie psychédélique, en particulier concernant le consentement éclairé et le risque de favoriser certaines visions du monde. La discussion invite les chercheurs à employer un langage qui reste agnostique face aux affirmations surnaturelles tout en reconnaissant les expériences subjectives profondes rapportées par les patients.

L’accent mis par James sur l’humilité épistémique fournit un cadre permettant à la science de reconnaître ses propres limites et la valeur des modes de connaissance non ordinaires, sans compromettre la rigueur scientifique. Les futures recherches devront clarifier les voies causales entre les expériences subjectives, les changements neurobiologiques et les effets thérapeutiques, ainsi qu’aborder les implications sociétales des changements de croyances induits par les psychédéliques.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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