Le traitement de la récompense est un concept psychologique complexe impliquant des composantes distinctes comme l’apprentissage, la réactivité et la motivation. Les dysfonctionnements dans les voies mésolimbiques et mésocorticales, qui régulent ce traitement, sont centraux dans de nombreuses pathologies. Bien que les substances psychédéliques soient proposées comme option thérapeutique pour les troubles affectant le système de récompense, les études sur leurs mécanismes d’action manquent.
Cette étude préliminaire de pharmaco-imagerie, génératrice d’hypothèses, évalue les effets de la N,N-diméthyltryptamine (DMT) inhalée en se concentrant sur la connectivité du circuit mésocorticolimbique. L’étude adopte un plan intra-sujet avec 11 participants en bonne santé ayant une expérience préalable des psychédéliques. Dans la condition active, la DMT est auto-administrée juste avant l’acquisition des images IRM, tandis qu’aucune substance n’est administrée dans la condition de contrôle.
Les résultats révèlent une diminution de la connectivité entre le noyau accumbens (NAc) droit et l’aire tegmentale ventrale (ATV) gauche. En parallèle, une augmentation de la connectivité est observée entre le NAc droit et le cortex cingulaire antérieur (CCA), ainsi qu’entre le cortex préfrontal médian (mPFC) et le CCA. Ces résultats sont corrélés avec des changements dans la volonté et la perception, mesurés par l’échelle d’évaluation des hallucinations.
En conclusion, l’étude met en évidence une connectivité réduite dans la voie mésencéphale-NAc, une voie souvent hyperactive dans les cas d’addiction, et une connectivité accrue entre les régions de la récompense/affectives et le CCA. Ces observations suggèrent un potentiel thérapeutique pour les substances psychédéliques dans les troubles affectant le traitement de la récompense.
L’objectif principal de cette étude préliminaire est de déterminer comment la DMT inhalée, par rapport à une condition de contrôle, affecte la connectivité fonctionnelle au repos (rsFC) entre les zones cérébrales liées à la récompense. L’hypothèse des auteurs postule que la DMT modifierait la connectivité entre les régions cérébrales clés au sein du système dopaminergique mésocorticolimbique.
- Conception de l’étude : L’étude utilise un plan intra-sujet, comparant une condition active (inhalation de DMT) à une condition de contrôle (sans inhalation).
- Participants : L’échantillon comprend 11 sujets sains (4 femmes, 7 hommes), avec un âge moyen de 37 ± 12,4 ans, tous ayant une expérience préalable avec la DMT inhalée et d’autres psychédéliques.
- Intervention : La condition active consiste en l’auto-administration par inhalation d’environ 50 à 70 mg de DMT (extraite de l’écorce de racine de Mimosa hostilis) immédiatement avant l’acquisition IRM. La condition de contrôle implique les mêmes pratiques rituelles mais sans inhalation de DMT.
- Procédure : Un intervalle d’au moins un mois sépare les deux sessions. Pour des raisons rituelles et afin de minimiser les effets d’attente, tous les participants ont d’abord passé la session avec DMT, suivie de la session de contrôle.
- Acquisition des données : Les données d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) au repos sont acquises sur un imageur 3T. Les effets subjectifs sont évalués à l’aide de l’échelle d’évaluation des hallucinations (Hallucinogen Rating Scale, HRS).
- Analyse des données : L’analyse de la connectivité fonctionnelle est réalisée à l’aide d’une approche de région d’intérêt à région d’intérêt (ROI-to-ROI). Des analyses de corrélation sont menées pour explorer les liens entre les changements de connectivité et les expériences subjectives rapportées.
- Connectivité fonctionnelle : L’étude observe des changements significatifs dans la connectivité fonctionnelle sous l’effet de la DMT. Il y a une diminution de la connectivité entre le noyau accumbens (NAc) droit et l’aire tegmentale ventrale (ATV) gauche. Une augmentation de la connectivité est constatée entre le NAc (droit et gauche) et le cortex cingulaire antérieur (CCA), ainsi qu’entre le cortex préfrontal médian (mPFC) et le CCA.
- Effets subjectifs : Comparée à la condition de contrôle, l’administration de DMT entraîne des augmentations significatives sur toutes les échelles de l’Hallucinogen Rating Scale (HRS), incluant la perception, la somesthésie, l’affect, la cognition, la volition et l’intensité.
- Corrélations : Une corrélation positive significative est identifiée entre les changements de connectivité VTA-NAc et les effets sur la volition (capacité à interagir avec l’expérience). Une autre corrélation positive est trouvée entre les changements de connectivité NAc-CCA et les effets sur la perception. Il est à noter que ces associations ne survivent pas à la correction pour comparaisons multiples.
Cette étude exploratoire fournit des informations initiales sur la manière dont la DMT inhalée module la connectivité fonctionnelle au sein des voies de récompense mésolimbiques et mésocorticales. Les résultats suggèrent que la DMT peut réorganiser les relations fonctionnelles au sein de ce système.
La diminution de la connectivité entre l’ATV et le NAc pourrait indiquer un affaiblissement temporaire de la signalisation motivationnelle incitative, une voie souvent hyperactive dans les troubles liés à l’addiction. À l’inverse, le renforcement du couplage entre le NAc et le CCA peut refléter une meilleure intégration des processus affectifs et motivationnels, contribuant à un rééquilibrage entre les composantes sous-corticales et corticales du circuit de la récompense.
L’étude établit un lien entre ces modifications neurales et les effets subjectifs rapportés, notamment la volonté et la perception. Ces découvertes soutiennent l’hypothèse d’un potentiel thérapeutique de la DMT pour les troubles caractérisés par une dérégulation de la récompense, tels que l’addiction, la dépression ou la douleur chronique.
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