La modulation de la cognition sociale est suggérée comme un mécanisme possible contribuant à l’efficacité clinique potentielle des psychédéliques dans les troubles impliquant des déficits du traitement socio-émotionnel et de la récompense. L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle au repos (IRMf-rs) peut être utilisée pour détecter les changements dans la connectivité cérébrale pendant les états induits par les psychédéliques.
Cette étude de pharmaco-imagerie examine les effets de la N,N-Diméthyltryptamine (DMT) sur la connectivité fonctionnelle dans les zones cérébrales pertinentes pour la cognition sociale, en utilisant un devis intra-sujet chez onze utilisateurs expérimentés en bonne santé.
L’étude visait à étudier les effets de la DMT inhalée sur la connectivité fonctionnelle au repos, en se concentrant particulièrement sur les rôles centraux du gyrus supramarginal postérieur (pSMG) et de l’amygdale, en tant que plaques tournantes clés des réseaux de cognition sociale et affective. L’objectif était d’élucider comment la DMT influence les circuits neuronaux impliqués dans la cognition sociale et l’affect.
- Type de devis : L’étude a utilisé un devis intra-sujet avec une condition active (inhalation de DMT) et une condition contrôle, séparées de 4 à 6 semaines.
- Participants : Onze volontaires adultes en bonne santé (4 femmes, 7 hommes, âge moyen de 37 ans) ayant une expérience significative de l’inhalation de DMT ont été inclus.
- Procédure : Dans la condition active, les participants ont inhalé un extrait à base de DMT (environ 50-70 mg) immédiatement avant l’acquisition des données d’IRMf au repos. La condition contrôle impliquait les mêmes rituels préparatoires sans administration de substance.
- Analyse des données : L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle au repos (IRMf-rs) a été utilisée pour mesurer la connectivité fonctionnelle. L’analyse de la connectivité basée sur des régions d’intérêt (seed-based) a été effectuée pour le gyrus supramarginal postérieur et l’amygdale.
- Évaluation subjective : L’échelle d’évaluation des hallucinogènes (HRS) a été utilisée pour mesurer les effets subjectifs de la DMT.
- La DMT a augmenté de manière significative la connectivité du gyrus supramarginal avec le précuneus, le cortex cingulaire postérieur, l’amygdale et le cortex orbitofrontal.
- Une connectivité accrue a également été observée entre l’amygdale et le cortex orbitofrontal.
- L’administration de DMT a entraîné des augmentations significatives des scores sur toutes les échelles de l’HRS (somesthésie, affect, perception, cognition, volition et intensité) par rapport à la condition contrôle.
- Une corrélation positive a été trouvée entre l’augmentation de la connectivité pSMG-cortex cingulaire postérieur et l’intensité des effets subjectifs.
- Une autre corrélation positive a été observée entre les changements de connectivité pSMG-précuneus et les effets sur la volition.
Les résultats démontrent que la DMT module la connectivité cérébrale dans les circuits socio-émotionnels et de valeur affective. Si la DMT modifie la connectivité fonctionnelle des réseaux de cognition sociale, cela pourrait avoir des implications thérapeutiques pour des populations cliniques présentant des schémas de connectivité fonctionnelle altérés, comme dans le trouble du spectre de l’autisme.
L’augmentation de la connectivité entre l’amygdale et le cortex orbitofrontal, une voie cruciale pour la régulation émotionnelle, suggère un mécanisme d’intérêt pour comprendre les effets thérapeutiques potentiels des psychédéliques dans des conditions telles que l’anxiété et la dépression.
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