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Psychédélique(s) étudié(s) : Psilocybine
Publiée le 4 décembre 2025
Type : Etude critique
Auteurs : Samuli Kangaslampi, Max Wolff, Manoj K. Doss, Lilian Kloft-Heller, Henry Otgaar
Résumé :

Cet article propose une analyse critique d’un récent rapport de cas de Peck et ses collègues, qui suggère que deux patientes ont récupéré des souvenirs traumatiques dissociés lors d’un traitement à la psilocybine pour l’anorexie mentale. Les auteurs de ce commentaire reconnaissent l’intérêt clinique et scientifique de ces cas, confirmant que les substances psychédéliques peuvent induire des expériences vivaces semblables à des souvenirs.

Cependant, l’étude soutient que ces rapports méritent un examen approfondi. En se basant sur les connaissances actuelles concernant les souvenirs retrouvés et les effets des psychédéliques, les auteurs argumentent que les explications alternatives n’ont peut-être pas été suffisamment prises en compte. Ils concluent que les cas présentés ne démontrent pas nécessairement que la psilocybine induit la récupération de souvenirs traumatiques dissociés ou qu’elle pourrait traiter l’amnésie dissociative. Enfin, les auteurs mettent en garde contre la suggestion de préparer explicitement les patients à l’émergence de contenu oublié.

Objectif :

L’objectif principal de cette publication est de fournir un commentaire critique sur l’interprétation selon laquelle la psilocybine faciliterait la récupération de souvenirs traumatiques authentiquement dissociés, telle que présentée dans un rapport de cas antérieur.

L’étude vise à examiner de manière critique les affirmations de ce rapport en proposant des explications alternatives pour les expériences de type mémoriel rapportées par les patientes. Elle cherche également à mettre en garde la communauté scientifique et clinique contre la réanimation de cadres thérapeutiques axés sur la récupération de souvenirs, en particulier dans le contexte d’états de conscience altérés, et à promouvoir une approche plus prudente et scientifiquement fondée.

Méthodologie :
  • L’étude se base sur une analyse critique de la littérature scientifique existante.
  • Elle examine les concepts de mémoire, notamment les souvenirs retrouvés, les faux souvenirs et l’amnésie dissociative.
  • Elle synthétise les connaissances sur les effets des substances psychédéliques sur la mémoire, la suggestibilité et la cognition.
  • Les auteurs appliquent ce corpus de connaissances pour évaluer et remettre en question les conclusions du rapport de cas de Peck et ses collègues.
Résultats principaux :
  • Les auteurs concluent que les expériences décrites ne constituent pas une preuve suffisante de la récupération de souvenirs traumatiques exacts et antérieurement dissociés.
  • Ils soulignent que les expériences de type mémoriel sous l’effet de psychédéliques peuvent être un mélange de faits et d’éléments imaginaires, et que leur véracité ne peut être confirmée sans corroboration indépendante.
  • Des explications alternatives sont mises en avant, telles que la création de faux souvenirs, la réinterprétation d’événements déjà connus mais perçus différemment, ou la fusion d’éléments provenant de diverses sources mémorielles.
  • L’étude note que les concepts d’amnésie dissociative et de mémoire refoulée sont controversés et non falsifiables.
  • Il est argumenté que les substances psychédéliques peuvent altérer la récupération de la mémoire et augmenter la suggestibilité, tout en conférant aux expériences une qualité ‘noétique’ (un sentiment de vérité indéniable) qui peut conduire à des distorsions mémorielles.
Implications cliniques :

Cette analyse critique implique que les cliniciens et les chercheurs doivent faire preuve d’une extrême prudence dans l’interprétation des expériences mémorielles qui surviennent pendant la thérapie assistée par psychédéliques. L’accent est mis sur la nécessité d’éviter de confirmer ou d’infirmer la véracité de ces souvenirs.

Les auteurs suggèrent de modifier les protocoles de préparation des patients. Plutôt que de les préparer à l’émergence potentielle de souvenirs oubliés, il serait plus prudent de les informer sur la nature reconstructive de la mémoire et la qualité subjective intense des expériences psychédéliques. Il est recommandé de convenir avec les patients que ces expériences seront explorées dans un cadre neutre, sans présumer de leur vérité objective.

L’étude appelle à ce que l’utilisation clinique des psychédéliques soit ancrée dans une conscience critique des mécanismes de la mémoire afin de prévenir les préjudices potentiels, comme la formation de faux souvenirs et les accusations erronées.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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