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Psychédélique(s) étudié(s) : Psilocybine
Publiée le 2 juin 2023
Type : Etude quantitative
Auteurs : Paul McCrone, Henry Fisher, Clare Knight, Rebecca Harding, Anne K. Schlag, David J. Nutt, Joanna C. Neill
Résumé :

Face à des preuves croissantes soutenant l’usage de la psilocybine pour la dépression difficile à traiter, cette étude compare le rapport coût-efficacité de la psychothérapie assistée par psilocybine (PAP) avec des traitements conventionnels : la médication, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), et la combinaison des deux.

Un modèle de décision a été utilisé pour simuler les parcours des patients (réponse, rémission, rechute) après le traitement sur une période de six mois. Les données sur les probabilités, les coûts et les années de vie ajustées sur la qualité (QALYs) proviennent d’études antérieures ou des meilleures estimations disponibles. Des analyses de sensibilité ont été menées pour évaluer l’incertitude des paramètres.

Les résultats indiquent que le coût de santé attendu de la PAP variait de 6132 £ à 7652 £ selon le prix de la psilocybine, comparativement à 3528 £ pour la médication seule, 4250 £ pour la TCC seule et 4197 £ pour leur combinaison. Les QALYs étaient les plus élevés pour la psilocybine (0,310), suivie par la thérapie combinée (0,287), la TCC seule (0,283) et la médication seule (0,278). La psilocybine s’est avérée coût-efficace par rapport aux autres thérapies lorsque le coût du soutien thérapeutique était réduit de 50 % et que le prix de la psilocybine était ramené entre 400 £ et 800 £ par personne. D’un point de vue sociétal, la psilocybine présentait un rapport coût-efficacité amélioré par rapport à la perspective des soins de santé.

En conclusion, l’étude suggère que la psilocybine a le potentiel d’être une thérapie coût-efficace pour la dépression sévère. Cependant, cette efficacité dépend du niveau de soutien psychologique fourni aux patients et du prix du médicament lui-même. Des données supplémentaires sur les résultats à long terme sont nécessaires pour renforcer cette base de preuves.

Objectif :

L’étude vise à évaluer l’impact de la psychothérapie assistée par la psilocybine sur les coûts des services de santé et les coûts sociétaux, y compris la perte de productivité liée au travail. L’objectif secondaire est d’analyser le rapport coût-efficacité de cette thérapie. Cette évaluation se base sur l’essai de Carhart-Harris et al. (2021) et adopte à la fois une perspective de soins de santé et une perspective sociétale plus large.

Méthodologie :
  • L’étude a utilisé un modèle d’analyse décisionnelle simple, sous forme d’arbre de décision, développé sur Microsoft Excel pour comparer quatre options de traitement sur une période de six mois.
  • Les traitements comparés étaient : la psychothérapie assistée par psilocybine (PAP), un antidépresseur conventionnel (ISRS) seul, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) seule, et la combinaison ISRS et TCC.
  • Le modèle simulait les parcours des patients à travers une phase aiguë de six semaines et une phase de suivi de vingt semaines, incluant des états de rémission, réponse, absence de réponse, ou abandon de traitement, suivis par une possibilité de rechute.
  • Les paramètres du modèle (probabilités d’événements, coûts des traitements, scores de qualité de vie) ont été extraits d’études cliniques et économiques antérieures, notamment l’essai de Carhart-Harris et al. (2021) pour le protocole de la PAP.
  • Le coût de la psilocybine a été modélisé comme une variable allant de 400 £ à 2000 £ par personne, tandis que le coût du soutien thérapeutique a été calculé sur la base de 38 heures de travail d’un psychologue clinicien.
  • L’analyse a calculé les coûts de santé et sociétaux attendus, ainsi que les années de vie ajustées sur la qualité (QALYs) pour chaque option, afin de déterminer les ratios coût-efficacité incrémentiels (ICER).
  • Des analyses de sensibilité ont été réalisées pour explorer l’impact de la variation de paramètres clés, tels que le coût du soutien thérapeutique, sur les résultats du rapport coût-efficacité.
Résultats principaux :
  • Sur une période de six mois, la psilocybine a produit le plus grand nombre d’années de vie ajustées sur la qualité (QALYs) avec une valeur de 0,310, suivie par la thérapie combinée (0,287), la TCC seule (0,283) et la médication seule (0,276).
  • Les coûts de santé attendus pour la thérapie assistée par psilocybine étaient systématiquement plus élevés que pour les autres traitements, variant de 6132 £ à 7652 £ en fonction du prix de la psilocybine, contre 3528 £ pour la médication, 4250 £ pour la TCC et 4197 £ pour la combinaison.
  • Du point de vue des soins de santé et avec le niveau de soutien thérapeutique initialement modélisé, le ratio coût-efficacité incrémentiel (ICER) pour la psilocybine dépassait le seuil de 30 000 £ par QALY pour toutes les comparaisons.
  • En adoptant une perspective sociétale incluant les coûts de perte d’emploi, le rapport coût-efficacité s’améliorait. Avec un coût de la psilocybine de 400 £, l’ICER devenait inférieur à 30 000 £ par rapport à la médication seule ou la TCC seule.
  • L’analyse de sensibilité a montré que le coût du soutien thérapeutique était un facteur déterminant. Une réduction de 50 % de ce coût rendait la psilocybine coût-efficace (ICER < 30 000 £) du point de vue des soins de santé, pour un prix de la psilocybine allant jusqu’à 800 £ selon le comparateur.
  • D’un point de vue sociétal, avec une réduction de 50 % du coût du soutien thérapeutique, la psilocybine devenait l’option dominante (moins chère et plus efficace) pour un prix de la substance allant jusqu’à 1200 £.
Implications cliniques :

L’étude conclut que la thérapie assistée par psilocybine présente un potentiel pour être une option coût-efficace dans le traitement de la dépression sévère. Cependant, cette viabilité économique est fortement conditionnée par deux facteurs principaux : le niveau de soutien psychologique fourni aux patients et le prix du médicament lui-même.

Les analyses montrent que le rapport coût-efficacité s’améliore considérablement lorsque le coût du soutien thérapeutique est réduit, par exemple en diminuant le nombre d’heures ou en utilisant un seul thérapeute au lieu de deux. De même, un prix de la psilocybine plus bas est essentiel pour atteindre les seuils de rentabilité acceptés, notamment du point de vue strict des systèmes de santé.

La perspective d’analyse est également critique. D’un point de vue sociétal, qui intègre les coûts indirects tels que la perte de productivité, la psilocybine se révèle beaucoup plus susceptible d’être coût-efficace. Les auteurs soulignent la nécessité de mener des recherches supplémentaires pour obtenir des données sur les résultats à long terme afin d’améliorer la robustesse des modèles économiques futurs et de mieux définir les conditions optimales d’application de cette thérapie.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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