Cet article analyse comment les chercheurs occidentaux sont influencés par leurs propres fondements épistémiques et éthiques. Cette influence, ou biais culturel, entrave considérablement leur compréhension des réalités culturelles différentes et de leurs savoirs.
En examinant des cas de recherche en thérapie psychédélique, l’article se concentre sur les conflits éthiques et épistémiques des chercheurs occidentaux. Ces obstacles les empêchent d’explorer adéquatement les traditions psychédéliques spirituelles centenaires, comme le vegetalismo métis amazonien.
L’auteur soutient que ces obstacles offrent une opportunité de prendre conscience des limites du regard scientifique.
L’étude vise à analyser comment les fondements culturels (épistémiques et éthiques) des chercheurs occidentaux influencent leur idée de la thérapie.
L’objectif est de démontrer comment ce biais entrave la compréhension et la reconnaissance d’autres savoirs culturels, en particulier la médecine traditionnelle amazonienne (vegetalismo), dans le contexte de la recherche sur les psychédéliques.
- Il s’agit d’une revue critique interdisciplinaire (“critical interdisciplinary review”) de plusieurs travaux de recherche antérieurs.
- L’article examine spécifiquement des études (notamment celles de Dupuis) portant sur le centre Takiwasi, une ONG qui intègre la médecine occidentale et le vegetalismo amazonien.
- L’analyse s’appuie également sur des recherches en neurosciences (modèles FEP et REBUS) et des études académiques sur le vegetalismo.
- La méthode consiste en une ré-analyse, une réinterprétation et une intégration des données et modèles issus de ces sources littéraires.
- Les scientifiques occidentaux ont tendance à qualifier les croyances “surnaturelles” issues des expériences psychédéliques de “woo” ou de “contournement spirituel” (“spiritual bypassing”).
- L’analyse d’une étude de cas (Dupuis à Takiwasi) montre que le chercheur interprète le rituel chamanique comme une “socialisation des hallucinations” ou un “gaslighting épistémique”, où l’autorité (le guérisseur) manipule le patient en état d’hypersuggestibilité.
- L’auteur de cet article réfute cette interprétation, notant que le cas décrit (Adrien) montre au contraire une résistance initiale à l’interprétation de l’autorité, suggérant que le psychédélique a entravé la socialisation.
- L’auteur propose le “triangle critique” pour expliquer le conflit épistémique occidental. Ce triangle est composé de trois facteurs que la science occidentale rejette : 1) les émotions négatives perturbatrices, 2) l’autorité sur la volonté consciente du sujet, et 3) la présence de contradictions logiques.
- Le vegetalismo amazonien, contrairement à la science occidentale, accepte et utilise ces trois facteurs comme faisant partie du processus de guérison (la plante enseigne, impose ses conditions et est “illogique”).
- L’article conclut que la prétendue “neutralité” scientifique occidentale est elle-même un biais culturel, et que le chamanisme expose la “fausse liberté” de la pensée occidentale.
Les chercheurs occidentaux doivent prendre garde aux malentendus culturels et reconnaître que le vegetalismo est une tradition séculaire, distincte du “néo-chamanisme” touristique.
La recherche scientifique occidentale doit reconnaître sa propre non-neutralité et son rôle d’agent de “socialisation des hallucinations”.
Les méthodes occidentales (comme le modèle ACE) devraient être considérées comme complémentaires aux traditions chamaniques, et non supérieures. La collaboration entre ces différentes cultures est essentielle pour que les chercheurs occidentaux prennent conscience de leur propre présomption de neutralité.
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