L’ayahuasca, un breuvage contenant de la N,N-diméthyltryptamine (la DMT) et des β-carboline inhibitrices de la monoamine oxydase, a vu son usage s’étendre au-delà du contexte traditionnel pour inclure des retraites à l’échelle mondiale. Les effets indésirables rapportés comprennent des vomissements, de l’agitation, des syndromes de type toxicité sérotoninergique et des événements cardiovasculaires.
Bien que la rhabdomyolyse ait été décrite avec d’autres hallucinogènes classiques (comme le LSD et la psilocybine), aucun cas associé à l’ayahuasca n’avait, à la connaissance des auteurs, été rapporté précédemment.
Ce rapport de cas concerne un homme auparavant en bonne santé qui a ingéré de l’ayahuasca et a entrepris un long voyage avant de présenter des myalgies diffuses et des urines foncées. Les résultats de laboratoire initiaux ont montré une créatine kinase (CK) à 110 659 IU/L et une créatinine sérique (Cr) à 6,8 mg/dL, indiquant une rhabdomyolyse massive.
Malgré un traitement précoce, la créatinine a culminé à 13,6 mg/dL (jour 7), confirmant une insuffisance rénale aiguë (IRA) sévère. Le patient a reçu une prise en charge conforme aux directives (réanimation liquidienne intensive, surveillance des électrolytes, évitement des néphrotoxines) en unité de soins intensifs, sans nécessiter de dialyse.
Ce cas met en lumière une pathogenèse multifactorielle plausible : une augmentation catécholaminergique due au psychédélique sérotoninergique, combinée à une déshydratation, aboutissant à une rhabdomyolyse profonde et une IRA.
Ce rapport de cas vise à documenter la première association clinique rapportée entre la consommation d’ayahuasca et le développement d’une rhabdomyolyse sévère conduisant à une insuffisance rénale aiguë de stade 3.
L’objectif secondaire est de décrire l’évolution clinique, la pathogenèse potentielle (impliquant l’ayahuasca, la déshydratation et un traumatisme mineur) et de souligner l’efficacité d’une prise en charge conservatrice agressive (sans thérapie de remplacement rénal) malgré des atteintes biochimiques extrêmes.
- Il s’agit d’un rapport de cas unique concernant un homme de 38 ans sans antécédents médicaux notables.
- Le patient a été admis en unité de soins intensifs (USI) pour une rhabdomyolyse sévère (CK > 110 000 IU/L) et une IRA de stade 3 (Cr pic à 13,6 mg/dL) survenues environ 24 heures après l’ingestion de 250-300 mL d’ayahuasca.
- La prise en charge a consisté en une réanimation liquidienne intraveineuse agressive avec des cristalloïdes (visant un débit urinaire de 1-3 mL/kg/h), une alcalinisation urinaire individualisée (bicarbonate) et une correction des déséquilibres électrolytiques (notamment l’hyperkaliémie).
- Des diurétiques ont été utilisés après la réanimation initiale pour gérer l’équilibre hydrique et éviter la surcharge.
- L’évaluation diagnostique a inclus des examens toxicologiques complets (négatifs pour les substances courantes, mais ne testant pas la DMT) et une évaluation des traumatismes (révélant des blessures superficielles).
- La probabilité de la réaction indésirable a été évaluée à l’aide de l’échelle de Naranjo.
- Le patient a présenté une rhabdomyolyse extrême (CK initiale 110 659 IU/L) et une IRA sévère de stade 3 (pic de créatinine à 13,6 mg/dL au jour 7).
- La rhabdomyolyse a été attribuée de manière “probable” à l’ingestion d’ayahuasca (score de Naranjo = 6), exacerbée par une déshydratation et potentiellement un traumatisme contondant mineur (rapport de coups de branches).
- L’évolution clinique a suivi celle d’une néphropathie pigmentaire classique : la CK s’est normalisée rapidement (passant sous 1500 IU/L au jour 9) tandis que la créatinine a eu une récupération retardée, commençant à baisser après le jour 7.
- Malgré la sévérité de l’IRA, le patient n’a jamais développé d’indications urgentes pour la dialyse (hyperkaliémie ou acidose réfractaire, surcharge volémique, complications urémiques).
- Le patient a pu sortir de l’hôpital au jour 11 avec une fonction rénale encore altérée mais en voie d’amélioration (Cr à 9,6 mg/dL) et a rapporté une résolution complète des symptômes 30 jours après sa sortie, sans avoir nécessité de dialyse.
Ce cas démontre que l’ayahuasca doit être ajoutée à la liste des substances pouvant causer une rhabdomyolyse sévère, potentiellement en synergie avec d’autres facteurs comme la déshydratation ou l’agitation.
Les cliniciens doivent explicitement interroger les patients présentant une rhabdomyolyse inexpliquée sur l’utilisation de l’ayahuasca.
Une prise en charge conservatrice agressive (réanimation liquidienne intensive, gestion des électrolytes, évitement des néphrotoxines) peut être suffisante pour gérer une IRA de stade 3 associée, même avec des niveaux de CK et de créatinine extrêmement élevés, évitant ainsi la dialyse si des indications strictes ne sont pas remplies.
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