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Gros plan d'une gélule pharmaceutique transparente sur une surface réfléchissante dans un laboratoire moderne. À l'intérieur de la gélule se trouve une branche d'acacia avec des feuilles vertes et des fleurs jaunes.

L’ayahuasca, breuvage psychoactif originaire d’Amazonie, suscite un intérêt scientifique croissant. Son potentiel thérapeutique est étudié de près, notamment dans le traitement de la dépression ou des addictions. Traditionnellement préparée à partir de plantes comme la liane Banisteriopsis caapi, sa composition chimique peut varier considérablement d’une préparation à l’autre. Cela complique son usage dans un cadre clinique contrôlé. De plus, sa popularité grandissante soulève des questions écologiques sur la surexploitation des ressources végétales en Amérique du Sud. Face à ces enjeux, la recherche s’oriente vers des alternatives standardisées, plus stables et issues de sources durables.

Et si l’avenir de cette thérapie reposait sur une plante complètement différente, comme l’Acacia australien ? Pourrait-on recréer l’expérience ayahuasca sous une forme pharmaceutique, en gélule, offrant à la fois sécurité, consistance et une meilleure tolérance ?

L’Acacia, une alternative australienne à l’ayahuasca ?

Pour la première fois, une étude clinique évalue une formulation de DMT issue de l’Acacia, ouvrant la voie à une approche plus contrôlée et durable

Afin de répondre au besoin de standardisation et de durabilité, des chercheurs australiens ont mené une étude exploratoire. Neuf volontaires sains y ont participé. Tous avaient déjà une expérience de l’ayahuasca. L’objectif était de tester la sécurité, la tolérabilité et les effets de trois formulations différentes, non pas sous forme de décoction, mais de gélules 1.

Ces gélules contiennent une combinaison précise de deux extraits de plantes. Le premier est la N,N-Diméthyltryptamine (DMT), le principal composé psychoactif, ici extrait de deux espèces natives d’Acacia australien. Le second est un mélange d’alcaloïdes d’harmala (harmine, harmaline et tétrahydroharmine) tirés du Peganum harmala, un arbuste prolifique du Moyen-Orient et d’Asie. Ces alcaloïdes agissent comme des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO). C’est un processus essentiel. Il permet à la DMT d’être active lorsqu’elle est ingérée par voie orale.

Des gélules plutôt qu’une décoction : les premiers résultats

Les gélules se sont révélées sûres et bien tolérées. Leurs effets psychédéliques ont même été jugés supérieurs à ceux de l’ayahuasca traditionnel par les participants

Sécurité et tolérabilité : un profil rassurant

L’un des principaux avantages de cette présentation en gélule est sa bonne tolérabilité. L’étude n’a rapporté aucun événement indésirable grave. Les examens physiques, les signes vitaux et les analyses pathologiques des participants n’ont montré aucun changement clinique significatif. Les effets secondaires les plus courants, comme les nausées ou les maux de tête, étaient généralement légers et se résolvaient en quelques heures.

Fait marquant, les vomissements, souvent associés à la “purge” de l’ayahuasca traditionnel, ont été très rares. Seuls deux participants sur neuf en ont fait l’expérience. Cette réduction des effets gastro-intestinaux représente un atout majeur pour une utilisation clinique, où le confort du patient est primordial.

L’expérience psychédélique : plus forte et plus bénéfique ?

Les participants ont évalué la force et la qualité de leur expérience en la comparant à leurs précédentes prises d’ayahuasca. Les deux premières formulations, moins purifiées, ont été jugées plus faibles. En revanche, la troisième formulation (nommée ACL-010), hautement purifiée, a changé la donne. À faible dose, son effet était similaire à l’ayahuasca. À plus haute dose, les participants l’ont décrite comme plus forte et plus bénéfique.

Ce ressenti est confirmé par les questionnaires psychométriques. Les scores obtenus sur l’échelle de l’Expérience Mystique (MEQ) étaient nettement plus élevés avec la formulation ACL-010. Ces scores élevés sont souvent corrélés à de meilleurs résultats thérapeutiques. L’alternative en gélule semble donc non seulement plus confortable, mais aussi capable d’induire les états de conscience modifiés recherchés en thérapie.

Les défis d’une version standardisée

Malgré des résultats prometteurs, l’étude rappelle qu’une expérience psychédélique intense n’est jamais anodine, même dans un cadre contrôlé

Une expérience intense n’est pas sans risque

Même si les formulations ont été bien tolérées, l’étude souligne la variabilité des réactions individuelles. Un participant a vécu une expérience psychologique très difficile après avoir reçu la dose la plus élevée de la formulation purifiée. Il a ressenti une anxiété intense, de l’agitation et a même eu des idées suicidaires passagères. Heureusement, ces effets se sont résorbés pendant la session.

Cet événement met en lumière le rôle absolument capital des thérapeutes. Grâce à des techniques de respiration, de réassurance et un soutien constant, l’équipe a pu gérer la situation sans recourir à des médicaments. Cela confirme qu’un cadre thérapeutique sécurisé et un accompagnement professionnel sont indispensables pour naviguer les moments difficiles qui peuvent survenir.

Les limites de l’étude : un premier pas prudent

Les auteurs de l’étude sont les premiers à souligner que ces travaux ne constituent qu’une première étape. Leurs conclusions doivent être considérées avec prudence en raison de plusieurs limites. D’abord, la petite taille de l’échantillon, avec seulement neuf participants, ne permet pas de généraliser les résultats. De plus, il s’agissait de volontaires sains, tous professionnels de la santé mentale, ce qui n’est pas représentatif de la population générale ou de patients souffrant de troubles psychiatriques. Enfin, l’étude a été menée en “open label”, c’est-à-dire sans groupe placebo, ce qui a pu influencer les attentes des participants.

Une ayahuasca de qualité pharmaceutique à l’horizon

Cette étude ouvre la porte à des traitements psychédéliques plus sûrs, plus constants et plus accessibles pour la recherche clinique de demain

L’atout majeur de la formulation ACL-010 réside dans sa haute pureté et sa standardisation. Pouvoir quantifier précisément les ingrédients actifs dans chaque gélule est un avantage considérable. Cela permet d’administrer des doses fiables et reproductibles, une condition indispensable pour les essais cliniques rigoureux et une future utilisation thérapeutique.

De plus, cette présentation en gélule pourrait offrir une meilleure stabilité dans le temps. Contrairement au breuvage traditionnel dont les composés peuvent se dégrader, une poudre encapsulée promet une conservation plus longue et plus fiable. En résumé, les formulations de DMT dérivées de l’Acacia représentent une alternative crédible et prometteuse à l’ayahuasca traditionnel. Elles ouvrent la voie au développement d’un médicament de qualité pharmaceutique, essentiel pour l’avenir de la recherche psychédélique.

Source

  1. Bonomo, Y. A. et al. (2025). DMT and harmala alkaloids: an exploratory study of oral Acacia based formulations in healthy volunteers. Frontiers in Psychiatry, 16.

💡 Ayahuasca en gélule : la fin du rituel ou le début de la thérapie ?

Moins d’effets secondaires, des effets psychédéliques plus intenses et une dose contrôlée… L’alternative à base d’Acacia semble cocher toutes les cases pour une utilisation clinique.

🧠 Pensez-vous que cette forme pharmaceutique pourrait remplacer le breuvage traditionnel en thérapie ? La standardisation est-elle une avancée ou une perte de sens ?

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Gilles
Gilles
il y a 15 jours

Très intéressant.
Comment participer à ce type de test ?
Merci de votre réponse

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