L’étude examine les difficultés qui peuvent survenir suite à l’usage de substances psychédéliques dans un cadre naturaliste (non clinique). L’usage de ces substances peut entraîner une gamme de difficultés affectant le fonctionnement social, professionnel et d’autres domaines importants. Cependant, la prévalence, la nature et les causes de ces issues restent mal comprises. Des recherches qualitatives récentes montrent que les individus rencontrant des difficultés à long terme après la consommation de psychédéliques attribuent parfois leurs problèmes à des traumatismes vécus durant l’enfance.
Cette étude à méthodes mixtes et transversale menée auprès de 3168 adultes américains ayant déjà consommé des psychédéliques analyse la prévalence, la durée et la nature des difficultés liées à cet usage, ainsi que leurs associations avec les expériences négatives de l’enfance (Adverse Childhood Experiences – ACEs). Les résultats indiquent que la majorité des participants (87,9%) ne rapporte aucune difficulté. Toutefois, 6,4% rapportent des difficultés post-aiguës durant plus d’un jour, et 1,3% des difficultés persistant plus d’un an. Parmi ceux qui rapportent des difficultés, les plus fréquentes sont l’anxiété généralisée (33,9%), les changements négatifs dans la perception de soi (25,9%) et la déconnexion sociale (23,0%).
L’analyse montre une association significative entre le nombre d’ACEs et le risque de rencontrer des difficultés. Un nombre élevé d’ACEs (notamment ≥4) est associé à une probabilité plus élevée de rapporter des difficultés, y compris celles qui sont persistantes. L’étude conclut qu’un éventail de difficultés peut suivre l’usage de psychédéliques et que l’adversité durant l’enfance peut représenter un facteur de risque pour des effets négatifs persistants.
L’étude vise principalement à investiguer la prévalence, la durée et la phénoménologie des difficultés liées à l’usage de substances psychédéliques dans un contexte naturaliste. L’objectif secondaire est d’examiner les associations potentielles entre ces difficultés et les expériences négatives vécues durant l’enfance (Adverse Childhood Experiences – ACEs). L’hypothèse est que les individus ayant des antécédents d’ACEs sont plus susceptibles de rapporter des difficultés liées aux psychédéliques et de les vivre sur de plus longues périodes.
- Conception : L’étude emploie une conception transversale à méthodes mixtes, combinant des données quantitatives et qualitatives collectées en parallèle.
- Participants : L’échantillon comprend 3168 adultes (âgés de 18 à 50 ans) résidant aux États-Unis, ayant une expérience d’usage de substances psychédéliques (psilocybine, LSD, DMT, etc.), recrutés via la plateforme en ligne Prolific.co entre juin et septembre 2023.
- Mesures : Les données sont collectées par questionnaire auto-rapporté. Les participants répondent à des questions sur leur consommation de psychédéliques, la survenue de détresse ou de troubles fonctionnels significatifs suite à cet usage, et la durée de ces difficultés. L’exposition aux expériences négatives de l’enfance est évaluée avec la version courte à 11 items du questionnaire ACE du Behavioral Risk Factor Surveillance Survey (BRFSS).
- Analyse : Une analyse thématique tabulaire structurée (ST-TA) est utilisée pour les données qualitatives (réponses textuelles libres décrivant la nature des difficultés). Pour les données quantitatives, des modèles de régression logistique ajustés sont employés pour évaluer les associations entre le nombre d’ACEs et la probabilité de rapporter des difficultés de diverses durées.
- Prévalence des difficultés : Sur 3168 participants, 87,9% ne rapportent aucune difficulté. Au total, 12,1% (n=383) rapportent avoir vécu des difficultés au moins une fois. Parmi l’échantillon total, 6,4% décrivent des difficultés post-aiguës (durant plus d’un jour) et 1,3% des difficultés persistant plus d’un an.
- Nature des difficultés : L’analyse qualitative des descriptions des participants révèle que l’anxiété généralisée (33,9%), les changements négatifs dans la perception de soi (25,9%) et la déconnexion sociale (23,0%) sont les difficultés post-aiguës les plus fréquemment citées. Huit thèmes principaux émergent des données : émotionnel, social, perceptuel et somatique, existentiel, cognitif, et autres (incluant des symptômes de type psychotique ou des difficultés professionnelles).
- Association avec les ACEs : Les modèles de régression logistique ajustés montrent qu’un nombre plus élevé d’ACEs est associé à une probabilité accrue de rapporter des difficultés. Le fait d’avoir vécu 2 ACEs (aOR : 2.24), 3 ACEs (aOR : 2.27) ou ≥4 ACEs (aOR : 2.84) est significativement associé à un risque plus élevé de rapporter des difficultés, comparativement à 0 ACE. Un score de ≥4 ACEs est également lié à une probabilité plus forte de difficultés durant plus d’un jour (aOR : 2.37) et plus d’une semaine (aOR : 2.89).
Les résultats de cette étude soulignent l’importance de prendre en compte les antécédents de traumatismes infantiles dans le contexte de l’usage de substances psychédéliques. L’association démontrée entre les expériences négatives de l’enfance (ACEs) et un risque accru de difficultés post-usage suggère que les individus avec de tels antécédents pourraient constituer une population plus vulnérable aux effets négatifs.
Ces conclusions ont des implications importantes tant pour les stratégies de réduction des risques en contexte naturaliste que pour la recherche clinique. Elles mettent en lumière la nécessité potentielle d’améliorer le dépistage des antécédents de traumatismes, de développer des protocoles de préparation et d’intégration mieux adaptés et informés sur le trauma, et de garantir un soutien psychologique adéquat, en particulier dans les contextes non réglementés où l’encadrement est souvent minimal ou absent.
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