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Psychédélique(s) étudié(s) : 5-MeO-DMT, Ayahuasca, DMT, Ibogaïne, Kétamine, LSD, MDMA, Mescaline, Psilocybine
Publiée le 9 décembre 2025
Type : Etude qualitative
Auteurs : E. K. Argyri, J. Krecké, O. C. Robinson, J. Evans, M. Skragge, C. J. A. Morgan
Résumé :

Face à l’augmentation de l’usage des substances psychédéliques dans des contextes tant thérapeutiques que non cliniques, les signalements de difficultés post-expérience prolongées se multiplient. Bien que de nombreuses personnes intègrent leurs expériences avec succès, d’autres font face à des défis persistants. L’étude constate qu’il existe peu de recherches sur les meilleures pratiques pour atténuer et gérer ces difficultés.

Cette étude qualitative explore les perspectives d’experts sur la nature de ces défis et les stratégies de soutien optimales. L’analyse révèle six difficultés post-psychédéliques clés rapportées par les praticiens : la lutte existentielle et le choc ontologique, l’anxiété et la panique, les problèmes de perception de soi, les symptômes dissociatifs, la résurgence de traumatismes refoulés, et la déception due à des attentes non satisfaites. Les stratégies de soutien les plus recommandées incluent la psychothérapie individuelle, en particulier les approches tenant compte des traumatismes, les techniques d’ancrage et de pleine conscience, le soutien par les pairs et la communauté, la recherche de sens et la reconstruction narrative, ainsi que, dans certains cas, une médication psychiatrique à court terme.

Les conclusions soulignent un besoin d’approches interdisciplinaires et informées sur le trauma pour l’intégration psychédélique. Garantir l’accès à un soutien éthique et fondé sur des données probantes, tant clinique que communautaire, est essentiel pour développer des stratégies de réduction des risques.

Objectif :

L’étude vise à mieux comprendre la détresse post-psychédélique et les formes de soutien efficaces du point de vue des professionnels qui accompagnent les utilisateurs de substances psychédéliques. Elle explore les avis d’experts sur la nature des difficultés post-psychédéliques et les meilleures pratiques pour soutenir les personnes qui vivent des expériences difficiles. L’objectif est de recueillir une diversité de perspectives de la part de psychiatres, psychothérapeutes, coachs en intégration et facilitateurs de retraites psychédéliques.

Méthodologie :
  • Type d’étude : Il s’agit d’une étude qualitative par questionnaire.
  • Participants : L’échantillon se compose de 28 professionnels qui soutiennent des personnes confrontées à une détresse post-psychédélique. Ils sont répartis équitablement en quatre groupes (n=7 chacun) : psychiatres, psychothérapeutes, coachs en intégration et facilitateurs de retraites. L’âge moyen des participants est de 44,96 ans.
  • Collecte des données : Les données sont collectées via une enquête en ligne sur la plateforme Qualtrics, comprenant des questions ouvertes sur les difficultés les plus couramment observées et les approches de soutien jugées les plus efficaces.
  • Analyse des données : L’analyse est réalisée à l’aide de l’Analyse Thématique Structurée Tabulaire (ST-TA), une méthode conçue pour les textes courts, qui permet d’identifier les thèmes à fort consensus parmi les différents groupes de praticiens.
Résultats principaux :

Difficultés post-psychédéliques

L’analyse identifie six thèmes principaux de difficultés rapportées par les praticiens :

  • Lutte existentielle et crise ontologique : Un sentiment de désorientation et de détresse lié à la confrontation avec des questions existentielles sur la vie, la mort et la nature de la réalité.
  • Anxiété et/ou panique : Des sentiments d’angoisse, de tension et de perte de contrôle pouvant persister plusieurs jours ou semaines après l’expérience.
  • Problèmes de perception de soi : Des difficultés liées au sens de l’identité, allant d’un sentiment de manque de solidité à une inflation de l’ego ou de la grandiosité.
  • Symptômes dissociatifs : Des expériences de dépersonnalisation et de déréalisation, ainsi que des descriptions de fragmentation psychologique.
  • Prise de conscience de matériel refoulé : La réémergence de souvenirs traumatiques ou de parties “sombres” de la personnalité, créant un sentiment de submersion.
  • Attentes non satisfaites et déception : Une déception profonde lorsque l’expérience n’est pas curative ou transformative comme espéré, la percevant non comme une “solution miracle”.

Stratégies de soutien

Les stratégies de soutien les plus fréquemment recommandées sont :

  • Psychothérapie individuelle : Considérée comme la forme de soutien la plus courante, avec une préférence pour les approches tenant compte des traumatismes (EMDR, thérapies somatiques, IFS).
  • Méditation et pratiques d’ancrage (‘grounding’) : Techniques visant à ramener l’attention sur le moment présent pour gérer la dissociation et le choc ontologique.
  • Soutien communautaire : Le recours aux réseaux de soutien existants (pairs, famille) et aux groupes d’intégration pour contrer le sentiment d’isolement.
  • Aide à la construction de sens : Accompagner la personne dans la reconstruction de son récit pour donner une cohérence et une stabilité fonctionnelle à son expérience.
  • Médication psychotrope : L’utilisation potentielle et à court terme de benzodiazépines ou d’antipsychotiques pour gérer la détresse aiguë.
Implications cliniques :

Les résultats de l’étude soulignent la nécessité de stratégies structurées de réduction des risques et d’intégration pour soutenir les individus en difficulté après une expérience psychédélique. Les défis identifiés, tels que la détresse existentielle, l’anxiété, la dissociation, la résurgence de traumatismes et les problèmes de perception de soi, mettent en évidence des domaines clés où des modèles d’intervention améliorés sont nécessaires.

Une approche tenant compte des traumatismes est jugée particulièrement importante, car les personnes ayant des antécédents de traumatismes peuvent présenter un risque accru de déstabilisation. L’étude met également en lumière le rôle des attentes irréalistes, alimentées par les récits médiatiques qui présentent souvent ces substances comme des “pilules magiques”, dans la déception post-expérience. Il est donc crucial de promouvoir un message plus réaliste qui présente les expériences psychédéliques comme des outils de croissance nécessitant un travail d’intégration, plutôt que comme des remèdes garantis.

Enfin, le soutien communautaire est fortement valorisé par les praticiens comme un facteur clé pour atténuer la détresse. Face au coût et à l’inaccessibilité du soutien thérapeutique, les modèles communautaires et dirigés par les pairs peuvent offrir des alternatives accessibles et évolutives pour les personnes cherchant un soutien à l’intégration.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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