Aller au contenu
Psychédélique(s) étudié(s) : Ayahuasca, DMT, Kétamine, LSD, MDMA, Psilocybine
Publiée le 2 décembre 2025
Type : Etude
Auteurs : Daniel T. Myran, Rachael MacDonald-Spracklin, Michael Pugliese, Maya Gibb, Jess G. Fiedorowicz, Tyler S. Kaster, Marco Solmi
Résumé :

L’usage des substances psychédéliques, à des fins récréatives et médicales, connaît une augmentation rapide à l’échelle mondiale, ce qui suscite des préoccupations quant à leurs potentiels effets indésirables. Cette étude examine le risque de développer un épisode de manie ou un trouble bipolaire suite à une visite aux urgences ou une hospitalisation impliquant des hallucinogènes.

Basée sur les données de santé de plus de 9 millions de personnes en Ontario (Canada), l’étude révèle que les individus nécessitant des soins aigus pour l’usage d’hallucinogènes présentent un risque significativement plus élevé de diagnostic ultérieur de manie ou de trouble bipolaire par rapport à la population générale. Sur les 7 285 personnes ayant reçu de tels soins, 1,43% développent un épisode de manie dans les trois ans. Après ajustement des facteurs de confusion, ce groupe présente un risque six fois supérieur de manie et près de quatre fois supérieur de trouble bipolaire.

Les conclusions suggèrent qu’une grande prudence est nécessaire concernant l’usage d’hallucinogènes chez les personnes présentant un risque de trouble bipolaire. Ces résultats ont des implications importantes pour la pratique clinique, la recherche et les politiques de santé publique.

Objectif :

L’étude vise à examiner l’association entre les soins de santé aigus (définis comme une visite aux urgences ou une hospitalisation) liés à l’usage d’hallucinogènes et un diagnostic incident de manie dans un contexte de soins aigus, ou un diagnostic de trouble bipolaire dans tout contexte de soins (hospitalier ou ambulatoire).

Les auteurs émettent l’hypothèse que l’incidence des diagnostics de manie et de trouble bipolaire est plus élevée chez les personnes ayant reçu des soins aigus liés aux hallucinogènes, en comparaison avec la population générale et les personnes ayant reçu des soins aigus pour d’autres motifs.

Méthodologie :
  • Conception de l’étude : Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective basée sur la population, menée en Ontario, Canada, entre janvier 2008 et décembre 2022.
  • Participants : La cohorte inclut 9 311 844 résidents de l’Ontario âgés de 14 à 65 ans, sans diagnostic préalable de trouble bipolaire. Parmi eux, 7 285 individus (0,08%) ont été identifiés comme ayant reçu des soins aigus impliquant des hallucinogènes.
  • Exposition : L’exposition principale est une visite aux urgences ou une hospitalisation pour des troubles mentaux et du comportement dus à l’utilisation d’hallucinogènes, ou pour un empoisonnement par des hallucinogènes.
  • Groupes de comparaison : Trois groupes de comparaison sont utilisés : (1) des membres de la population générale appariés selon l’âge, le sexe et la date index ; (2) des individus ayant eu des soins aigus pour toute autre cause (excluant les hallucinogènes) ; et (3) des individus ayant eu des soins aigus liés à l’usage de cannabis.
  • Critères d’évaluation : Le critère principal est un diagnostic incident de manie nécessitant des soins aigus. Les critères secondaires incluent un diagnostic incident de trouble bipolaire en contexte de soins aigus ou en ambulatoire.
  • Analyse statistique : Des modèles de Cox à risques proportionnels avec pondération par score de propension (overlap weighting) sont utilisés pour estimer les rapports de risque (Hazard Ratios, HR). Les modèles sont ajustés pour les données sociodémographiques (âge, sexe, revenu, etc.) et les antécédents de santé (soins de santé mentale, usage d’autres substances).
Résultats principaux :
  • Incidence brute : Dans les trois ans suivant l’événement index, 1,43% des individus ayant reçu des soins aigus liés aux hallucinogènes développent un épisode de manie, comparativement à 0,06% dans la population générale appariée, ce qui représente une augmentation du risque brut de 25 fois.
  • Risque ajusté de manie : Après pondération statistique pour les facteurs de confusion, les soins aigus liés aux hallucinogènes sont associés à un risque six fois plus élevé de manie incidente (Rapport de Risque [HR] pondéré = 5,97 ; IC à 95% : 3,29-10,82) par rapport à la population générale aux caractéristiques similaires.
  • Risque ajusté de trouble bipolaire : Le risque de recevoir un diagnostic de trouble bipolaire est également significativement élevé, avec un risque près de quatre fois supérieur (HR = 3,75 ; IC à 95% : 2,49-5,65) pour le diagnostic en contexte de soins aigus, et trois fois et demie supérieur (HR = 3,50 ; IC à 95% : 2,85-4,31) pour un diagnostic en contexte aigu ou ambulatoire.
  • Comparaison avec d’autres soins aigus : Par rapport aux personnes hospitalisées pour d’autres raisons, le risque de manie reste plus de deux fois supérieur (HR = 2,43). En revanche, le risque de manie n’est pas significativement différent de celui observé après des soins aigus liés au cannabis (HR = 0,93).
Implications cliniques :

Les résultats de cette étude indiquent que les modes de consommation d’hallucinogènes qui conduisent à une prise en charge médicale d’urgence peuvent augmenter le risque de développer une manie ou un trouble bipolaire. Ils soulignent la nécessité d’une prudence continue concernant l’usage de ces substances, en particulier chez les individus vulnérables ou à risque de trouble bipolaire.

Ces conclusions ont des implications potentielles pour la pratique clinique, la recherche et les politiques de santé publique. Elles suggèrent l’importance de la réglementation des substances et de l’éducation ciblée des groupes à haut risque dans le contexte de l’augmentation de l’usage des hallucinogènes. Il est crucial de noter que cette étude se concentre sur une population à haut risque (nécessitant des soins urgents) et que ses conclusions ne peuvent pas être généralisées à l’ensemble des consommateurs d’hallucinogènes.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

Retour en haut
Rechercher