Les études basées sur des enquêtes suggèrent que l’utilisation naturalistique des psychédéliques procure des bénéfices pour la santé mentale similaires à ceux observés lors des essais cliniques. La présente étude vise à confirmer ces découvertes au sein d’un large groupe d’utilisateurs de psychédéliques et à examiner de manière novatrice les associations entre la quantité d’utilisation des psychédéliques et les résultats comportementaux, ainsi que la fréquence des préjudices attribués à cette utilisation.
Une enquête transversale en ligne est complétée par 2 510 adultes déclarant au moins une expérience psychédélique au cours de leur vie. Les participants remplissent rétrospectivement une batterie d’instruments évaluant la dépression, l’anxiété et le bien-être émotionnel avant et après l’exposition aux psychédéliques. Les participants rapportent également l’agent psychédélique préféré, le nombre d’utilisations et les préjudices attribués à l’utilisation des psychédéliques.
L’utilisation des psychédéliques est associée à des améliorations significatives des symptômes dépressifs et anxieux, ainsi qu’à une augmentation du bien-être émotionnel. Ces améliorations augmentent en magnitude avec une exposition croissante aux psychédéliques, avec un effet de plafonnement. Cependant, des améliorations sont observées après une seule utilisation au cours de la vie. Aucune preuve solide d’un bénéfice supérieur d’un agent psychédélique préféré par rapport à un autre n’est constatée, mais des augmentations durables des facteurs liés aux expériences mystiques et à la prise de perspective prosociale sont associées à une meilleure santé mentale. Treize pour cent de l’échantillon de l’enquête (n = 330) déclarent au moins un préjudice lié à l’utilisation des psychédéliques, et ces participants rapportent moins de bénéfices pour la santé mentale.
Les résultats de la présente étude s’ajoutent à une base de données croissante indiquant que l’utilisation des psychédéliques — même en dehors du contexte des essais cliniques — peut procurer un large éventail de bénéfices pour la santé mentale, tout en présentant un certain risque de préjudice pour une minorité d’individus.
La présente étude vise à confirmer les découvertes antérieures concernant les bénéfices pour la santé mentale de l’utilisation naturalistique des psychédéliques auprès d’un large groupe d’utilisateurs. Elle cherche également à mener un examen novateur des associations entre la quantité d’utilisation des psychédéliques et les résultats comportementaux, ainsi que la fréquence des préjudices attribués à cette utilisation.
L’étude PAWS (Psychedelics and Wellness Study) a pour objectif de tester l’hypothèse qu’une relation robuste existe entre l’utilisation passée de psychédéliques et les niveaux actuels de bien-être émotionnel (évalués par le bien-être et les symptômes dépressifs et anxieux). Elle vise à examiner les associations entre la fréquence d’utilisation des psychédéliques et les résultats liés au bien-être, ainsi que la prévalence et les types de préjudices engendrés par l’utilisation passée.
- L’étude PAWS (Psychedelics and Wellness Study) est une enquête transversale en ligne.
- Les participants ont été recrutés via des plateformes en ligne gratuites, les médias sociaux, le bouche-à-oreille, des dépliants/cartes postales, des e-mails et l’échantillonnage en boule de neige.
- Les critères d’inclusion incluent des adultes de 18 ans et plus ayant déclaré au moins une expérience psychédélique au cours de leur vie (N = 2 510).
- Les critères d’exclusion sont un âge inférieur à 18 ans et l’absence d’antécédents autodéclarés d’utilisation de psychédéliques.
- Les participants ont rétrospectivement complété une batterie d’instruments pour évaluer les symptômes de dépression (PHQ-9), d’anxiété (GAD-7) et de bien-être émotionnel (échelle HERO Wellness) avant et après l’exposition aux psychédéliques.
- Des instruments supplémentaires ont été utilisés : le Questionnaire sur le Changement Psychédélique (PCQ-26) pour évaluer les changements liés à l’expérience psychédélique, et l’Inventaire des Conséquences Négatives à Huit Items (NCI-8) pour identifier les préjudices potentiels.
- Les données recueillies comprennent les informations démographiques, l’agent psychédélique préféré, le nombre estimé d’utilisations au cours de la vie et l’historique du microdosage.
- Les considérations éthiques incluent un anonymat complet, aucune donnée d’identification personnelle collectée, aucune compensation, un statut de risque minimal déterminé par le WIRB (Western Institutional Review Board), et un enregistrement sur Clinicaltrials.gov (ID: NCT04040582).
- Les substances psychédéliques interrogées incluent les psychédéliques classiques (tryptamines et phénéthylamines agonistes du récepteur 5HT2A) et la kétamine. La MDMA n’est pas incluse en raison de son mécanisme d’action différent.
- Les analyses statistiques ont utilisé des distributions de fréquences, des moyennes, des écarts-types, des tests de Kolmogorov-Smirnoff et Shapiro Wilk, des simulations bootstrap, des tests t appariés (avec tailles d’effet de Cohen’s d), une analyse factorielle exploratoire (EFA) pour le PCQ-26 et des régressions linéaires. Le seuil de signification statistique est fixé à alpha < 0,05 (bilatéral). Les analyses ont été effectuées avec SPSS version 27.
- L’étude compte 2 510 adultes ayant répondu à l’enquête, âgés de 18 à 86 ans, avec une représentation égale des hommes et des femmes.
- Cinquante-huit pour cent des participants possèdent un baccalauréat ou un diplôme supérieur.
- Le nombre moyen d’utilisations de psychédéliques au cours de la vie est de 38,55 (plage de 1 à 500), 90 participants (3,6 %) n’ayant rapporté qu’une seule utilisation.
- Les agents psychédéliques préférés sont la Psilocybine (51,6 %) et le LSD (30,1 %).
- L’utilisation des psychédéliques est associée à des réductions significatives des symptômes dépressifs (PHQ-9 : d=1,07) et anxieux (GAD-7 : d=1,10), ainsi qu’à des augmentations du bien-être émotionnel (HERO : d=1,07) après l’exposition.
- Les améliorations augmentent en magnitude avec une exposition croissante aux psychédéliques, mais un effet de plafonnement est observé, notamment pour le bien-être (HERO) après environ 5 expositions, et pour la dépression/anxiété (PHQ-9, GAD-7) entre 15 et 20 utilisations.
- Même une seule utilisation au cours de la vie est associée à des bénéfices significatifs pour la santé mentale (PHQ-9 : d=0,68 ; GAD-7 : d=0,72 ; HERO : d=0,74).
- Aucune preuve solide ne montre qu’un agent psychédélique préféré soit supérieur à un autre, à l’exception de l’Ayahuasca qui est associée à un bien-être émotionnel amélioré (d=0,22). La Kétamine est associée à moins d’amélioration des symptômes dépressifs et anxieux par rapport aux autres agents (PHQ-9 : d=0,31 ; GAD-7 : d=0,24), ces différences étant attribuées à des scores pré-exposition plus élevés.
- Le PCQ-26 identifie trois facteurs : le facteur 1 (états de type mystique, sommet, unitaire, transformateur), le facteur 2 (états émotionnels/physiques comme l’irritabilité, la rumination, le sommeil, l’appétit, la sexualité) et le facteur 3 (émotions prosociales).
- 91,7 % des participants rapportent des améliorations sur le facteur 1, 66,2 % sur le facteur 2 et 77,8 % sur le facteur 3.
- 13 % (n=330) des participants déclarent au moins un préjudice lié à l’utilisation des psychédéliques, et ces individus rapportent moins de bénéfices pour la santé mentale.
- Les préjudices les plus fréquemment rapportés comprennent l’abus de cannabis, le tabagisme, l’abus d’alcool, les comportements impulsifs/criminels, les pensées suicidaires et les comportements agressifs/impulsifs.
- Des augmentations durables des états mentaux transformateurs (facteurs 1 et 2 du PCQ-26) et du comportement prosocial (facteur 3 du PCQ-26) sont indépendamment associées à une amélioration des résultats de santé mentale.
L’étude actuelle, l’une des plus vastes à ce jour sur l’auto-déclaration de l’utilisation des psychédéliques, soutient l’hypothèse d’une interrelation robuste entre l’utilisation passée de psychédéliques et le bien-être émotionnel actuel. Les résultats sont généralement cohérents avec ceux des essais cliniques et des études par enquête antérieures.
Les bénéfices pour la santé mentale augmentent avec l’usage des psychédéliques, mais un effet de plafonnement est observé. Cette observation pourrait remettre en question les stratégies de dosage limité proposées par les programmes de développement actuels des psychédéliques, suggérant que des doses répétées pourraient être nécessaires pour un effet thérapeutique maximal ou pour le maintien des effets. L’étude suggère que les psychédéliques pourraient servir de catalyseurs pour des changements de mode de vie ou de perspective protecteurs pour la santé mentale, plutôt que d’être des modulateurs d’humeur à vie.
L’étude souligne l’importance des augmentations durables des états mentaux transformateurs (type mystique, percée émotionnelle, perspicacité) et des comportements prosociaux, qui sont indépendamment associées à une amélioration des résultats de santé mentale.
Les limites de l’étude incluent sa nature rétrospective, la dépendance à l’auto-déclaration, l’incapacité à confirmer la consommation ou les quantités de substances, et l’échantillon auto-sélectionné, ce qui pourrait introduire des biais. Cependant, l’observation qu’une minorité de participants (13 %) a signalé des préjudices, et que ces participants ont tiré moins de bénéfices, apporte une validité de façade à la réalité de ces risques.
Les études naturalistiques, comme celle-ci, sont informatives pour comprendre les risques potentiels lorsque les psychédéliques seront cliniquement disponibles pour la population générale. De futures recherches prospectives sont nécessaires pour confirmer ces résultats et explorer plus exhaustivement les types de préjudices (y compris les réactions psychotiques et le HPPD) et leurs facteurs de risque. Des comparaisons directes entre les différents agents psychédéliques seraient également utiles pour déterminer leur efficacité relative pour diverses indications.
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