Le trouble dépressif majeur représente une cause mondiale majeure d’incapacité. Les psychédéliques sérotoninergiques classiques sont récemment réapparus comme une option thérapeutique potentielle pour cette affection.
La présente méta-analyse évalue les effets cliniques des psychédéliques sérotoninergiques classiques par rapport au placebo sur l’état d’humeur et les symptômes dépressifs chez les populations saines et cliniques, analysées séparément.
La recherche révèle 12 études éligibles (n=257 ; 124 participants sains et 133 patients atteints de troubles de l’humeur), avec des données provenant d’essais contrôlés randomisés impliquant la psilocybine (n=8), le diéthylamide de l’acide lysergique (LSD ; n=3) et l’ayahuasca (n=1). Les méta-analyses des résultats aigus sur l’humeur (3 h à 1 jour après le traitement) chez les volontaires sains et les patients montrent des améliorations avec des tailles d’effet modérées en faveur des psychédéliques. Des effets modérés sont également observés sur l’état d’humeur à plus long terme (16 à 60 jours après les traitements) chez les patients. Pour les patients atteints de troubles de l’humeur, des tailles d’effet significatives sont détectées sur les résultats aigus, à moyen terme (2-7 jours après le traitement) et à plus long terme, en faveur des psychédéliques pour la réduction des symptômes dépressifs.
Malgré les préoccupations concernant le démasquage et les attentes, la force des tailles d’effet, l’apparition rapide et les effets thérapeutiques durables de ces agents psychothérapeutiques encouragent la poursuite d’essais cliniques en double aveugle, contrôlés par placebo, pour évaluer leur gestion de l’humeur négative et des symptômes dépressifs.
L’étude vise à présenter la première méta-analyse évaluant l’effet clinique des psychédéliques sérotoninergiques classiques sur l’état d’humeur négatif et les symptômes dépressifs. Elle se concentre sur les essais cliniques randomisés en double aveugle, analysant séparément les données des volontaires sains et des patients diagnostiqués avec un trouble de l’humeur.
- La méta-analyse suit les lignes directrices PRISMA et un protocole enregistré (PROSPERO CRD42020158356).
- La recherche systématique est menée dans plusieurs bases de données (Cochrane Central Register of Controlled Trials, PsycINFO, Ovid MEDLINE(R), Web of Science) jusqu’en mai 2020.
- Les critères d’éligibilité incluent les essais cliniques randomisés contrôlés par placebo en double aveugle, utilisant des psychédéliques sérotoninergiques classiques (psilocybine, LSD, DMT/Ayahuasca, mescaline) à des doses modérées à élevées. Les études sur les microdoses sont exclues.
- Les comparateurs sont inactifs, tels qu’un placebo, une faible dose de psychédélique ou un agent pharmacologique non psychoactif (par exemple, la niacine).
- Les participants comprennent des volontaires sains et des patients diagnostiqués avec des troubles de l’humeur selon le DSM-IV, et sont analysés séparément.
- Les mesures de résultats évaluent l’état d’humeur et les symptômes dépressifs à l’aide d’échelles validées cliniquement (par exemple, HAM-D, MADRS, BDI, HADS, AMRS, PANAS, POMS, PEQ).
- Les résultats sont classés selon des points temporels après le traitement : aigus (3 heures à 1 jour), à moyen terme (2 à 15 jours) et à long terme (16 à 60 jours).
- L’évaluation de la qualité des essais cliniques est effectuée à l’aide de l’échelle de Jadad.
- L’extraction des données implique la conversion des tailles d’effet en différences moyennes standardisées (DMS) avec des intervalles de confiance de 95 %, analysées à l’aide d’un modèle à effets aléatoires.
- La méta-analyse inclut 12 études éligibles, portant sur la psilocybine (n=8), le LSD (n=3) et l’ayahuasca (n=1). Aucune étude sur la mescaline n’est retenue.
- La recherche systématique identifie 12 études éligibles, totalisant 257 participants (124 volontaires sains et 133 patients atteints de troubles de l’humeur).
- Les psychédéliques étudiés incluent la psilocybine (8 études), le LSD (3 études) et l’ayahuasca (1 étude). Aucune étude sur la mescaline n’est retenue.
- Pour l’état d’humeur :
- Chez les volontaires sains, des améliorations significatives de l’humeur négative sont observées à court terme (3 h à 1 jour) avec une taille d’effet modérée (DMS = -0,705, p<0,01). Le LSD et la psilocybine montrent tous deux des effets modérés.
- Chez les patients atteints de troubles de l’humeur, des améliorations modérées et significatives de l’humeur négative sont détectées à court terme (DMS = -0,632, p=0,022) et à plus long terme (16 à 60 jours) avec la psilocybine (DMS = -0,495, p=0,004).
- Pour les symptômes dépressifs chez les patients atteints de troubles de l’humeur :
- Une taille d’effet modérée et significative est observée à court terme (3 h à 1 jour) pour la réduction des symptômes dépressifs (DMS = -0,720, p=0,003), principalement due à la psilocybine et à l’ayahuasca.
- À moyen terme (2 à 15 jours), une taille d’effet large et significative est constatée (DMS = -0,841, p=0,001), principalement attribuée à l’ayahuasca.
- À long terme (16 à 60 jours), un effet modéré à large et hautement significatif est démontré (DMS = -0,792, p<0,001), avec la psilocybine montrant une large taille d’effet (DMS = -0,826, p<0,001).
- Concernant la sécurité et la tolérabilité : Les psychédéliques sérotoninergiques classiques sont généralement bien tolérés. Les effets secondaires psychologiques aigus comprennent une anxiété légère, des pleurs, des nausées, des vomissements, des maux de tête et de légers effets sympathomimétiques transitoires. Aucun événement indésirable grave n’est rapporté à long terme.
- Le biais de publication : Le fail-safe N de 114 indique l’absence de biais de publication significatif, corroboré par le test de régression d’Egger.
La méta-analyse fournit des preuves encourageantes quant au potentiel des psychédéliques sérotoninergiques classiques pour la réduction des états d’humeur négatifs et des symptômes dépressifs. L’apparition rapide et les effets thérapeutiques durables de ces agents sont des aspects prometteurs.
Les résultats suggèrent la nécessité de poursuivre les essais cliniques en double aveugle et contrôlés par placebo, afin d’évaluer plus précisément la gestion de l’humeur négative et des symptômes dépressifs. Un rôle spécialisé des psychédéliques dans le soutien à la détresse psychologique existentielle, notamment chez les patients atteints de cancer, est également envisagé.
Cependant, l’étude souligne des faiblesses méthodologiques, telles que les préoccupations concernant le démasquage, les attentes des participants et des évaluateurs, les limites des conceptions en cross-over, la petite taille des échantillons, l’hétérogénéité des études et la diversité des échelles de résultats. Les recherches futures devraient s’efforcer d’améliorer la qualité des essais en abordant ces aspects méthodologiques.
Malgré ces limitations, les résultats soutiennent la poursuite d’une recherche robuste et approfondie dans ce domaine émergent, notamment chez les adultes souffrant de dépression.
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