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Psychédélique(s) étudié(s) : MDMA
Publiée le 29 novembre 2025
Type : Méta-analyse
Auteurs : Leehe Peled-Avron, Jacob S. Aday, Madeline M. Pantoni, Holly K. Hamilton, Joshua D. Woolley
Résumé :

La 3,4-méthylènedioxyméthamphetamine (MDMA) est un dérivé d’amphétamine connu comme “entactogène”, influençant le traitement émotionnel et social. Les essais cliniques de phase III de la psychothérapie assistée par la MDMA pour le trouble de stress post-traumatique ont rapporté des résultats prometteurs, et cette thérapie est actuellement en cours d’examen réglementaire. Cependant, les mécanismes précis sous-jacents aux résultats positifs du traitement restent largement inconnus.

Cette méta-analyse vise à synthétiser systématiquement les données existantes sur les effets de la MDMA sur l’empathie et la reconnaissance des émotions. L’étude se concentre spécifiquement sur deux tâches établies, le Test d’Empathie Multifacettes (MET) et la Tâche de Reconnaissance des Émotions Faciales (FERT), afin d’évaluer de manière exhaustive le rôle de la MDMA dans la cognition sociale. Des méta-analyses distinctes pour chaque émotion testée dans la FERT aident à discerner les variations potentielles de l’impact de la MDMA sur des réponses émotionnelles spécifiques.

L’administration de MDMA améliore l’empathie émotionnelle mais diminue la précision de la reconnaissance des expressions faciales négatives (tristesse, peur, colère). Aucun effet significatif sur l’empathie cognitive ou la reconnaissance des expressions joyeuses n’a été trouvé. Comprendre ces effets nuancés pourrait éclairer l’optimisation des applications thérapeutiques et les considérations de sécurité dans les contextes cliniques. Des études supplémentaires sont nécessaires pour élucider les mécanismes psychologiques et neuronaux sous-jacents, soulignant l’importance d’une investigation continue de l’influence multiforme de la MDMA sur la cognition sociale.

Objectif :

L’objectif principal de cette méta-analyse est de synthétiser systématiquement les données existantes concernant les effets de la MDMA sur l’empathie et la reconnaissance des émotions. Elle vise à évaluer de manière exhaustive le rôle de la MDMA dans la cognition sociale en se concentrant sur le Test d’Empathie Multifacettes (MET) et la Tâche de Reconnaissance des Émotions Faciales (FERT). Des analyses distinctes pour chaque émotion dans la FERT sont menées pour identifier les variations de l’impact de la MDMA sur des réponses émotionnelles spécifiques.

Méthodologie :
  • L’étude a suivi les directives PRISMA pour la conduite de la méta-analyse.
  • Une recherche systématique a été effectuée jusqu’en avril 2025 dans les bases de données PubMed (Medline), PsycINFO et Scopus, en utilisant des mots-clés liés à la MDMA, l’empathie, l’émotion et la cognition sociale.
  • Les études incluses devaient être des articles originaux, évalués par des pairs, en texte intégral, rédigés en anglais, impliquant des participants humains sains, avec une administration unique de MDMA et une condition placebo.
  • Les études devaient être de conception expérimentale, randomisées, incluant des essais contrôlés randomisés (ECR) en format croisé et parallèle, et mesurer les résultats liés aux tâches FERT ou MET.
  • Les études de revue, les méta-analyses, les études sur des sujets non humains, les auto-rapports rétrospectifs d’anciens utilisateurs de MDMA, ou les communications de conférence ont été exclues.
  • L’extraction des données a été réalisée indépendamment par deux examinateurs, avec un troisième consulté en cas de désaccord, incluant les informations générales des études et les moyennes et écarts-types des tâches de cognition sociale.
  • Les méta-analyses ont été menées à l’aide des packages ‘metafor’ et Comprehensive Meta-Analysis, utilisant le g de Hedges comme mesure de la taille de l’effet.
  • L’hétérogénéité a été évaluée par la statistique Q et l’indice I2, et le biais de publication par le test de régression d’Egger.
  • Les tâches évaluées étaient le Test d’Empathie Multifacettes (MET) pour l’empathie cognitive, l’empathie émotionnelle explicite et implicite, et la Tâche de Reconnaissance des Émotions Faciales (FERT) pour la précision de reconnaissance des émotions de joie, tristesse, peur et colère.
Résultats principaux :
  • Empathie cognitive : La MDMA n’a montré aucun effet significatif sur l’empathie cognitive par rapport au placebo, avec une hétérogénéité et un biais de publication non significatifs.
  • Empathie émotionnelle explicite : L’administration de MDMA a amélioré l’empathie émotionnelle explicite par rapport au placebo (g de Hedges=0.288, p=0.003), sans hétérogénéité ni biais de publication significatifs.
  • Empathie émotionnelle implicite : La MDMA a également amélioré l’empathie émotionnelle implicite par rapport au placebo (g de Hedges=0.228, p=0.035), avec des niveaux non significatifs d’hétérogénéité et de biais de publication.
  • Reconnaissance des émotions faciales – Joie : Aucun effet de la MDMA sur la reconnaissance des expressions faciales joyeuses n’a été observé par rapport au placebo, avec une hétérogénéité et un biais de publication non significatifs.
  • Reconnaissance des émotions faciales – Tristesse : Une analyse de sensibilité, excluant un cas aberrant, a révélé que la MDMA diminuait significativement la reconnaissance des expressions faciales de tristesse (g de Hedges=-0.159, p=0.0139).
  • Reconnaissance des émotions faciales – Peur : La MDMA a diminué la reconnaissance des expressions faciales de peur par rapport au placebo (g de Hedges=-0.239, p=0.0038), sans biais de publication significatif.
  • Reconnaissance des émotions faciales – Colère : Après une analyse de sensibilité excluant un cas aberrant, la MDMA a continué de réduire significativement la reconnaissance des expressions faciales de colère (g de Hedges=-0.198, p=0.0088), avec une hétérogénéité et un biais de publication réduits et non significatifs.
Implications cliniques :

Les découvertes de cette méta-analyse indiquent que la MDMA augmente l’empathie émotionnelle, tant explicite qu’implicite, tout en réduisant la précision de la reconnaissance des expressions faciales négatives (tristesse, peur, colère), comparativement au placebo. En revanche, elle n’a pas montré d’effet sur l’empathie cognitive ou la reconnaissance des expressions faciales joyeuses.

Ces résultats suggèrent que la MDMA pourrait avoir des effets complexes et multifacettes sur la cognition sociale. La compréhension de ces effets nuancés est cruciale pour optimiser son application comme adjuvant thérapeutique et assurer la sécurité et l’efficacité de son utilisation en clinique. Les futures études devraient approfondir ces effets pour éclairer la recherche sur la psychothérapie assistée par la MDMA et le développement de nouveaux traitements pour les troubles associés aux déficits de fonctionnement social.

L’étude souligne également un risque potentiel lié à l’utilisation de la MDMA : bien qu’elle favorise une ouverture émotionnelle et une connexion, elle peut rendre les individus vulnérables à l’exploitation ou à l’abus en raison d’une diminution de la capacité à reconnaître les émotions négatives ou les situations dangereuses. Cela met en évidence l’importance capitale de mener la thérapie assistée par la MDMA dans un environnement contrôlé et sécurisé, sous la supervision de professionnels formés, et d’inclure des sessions d’éducation complètes pour les participants afin qu’ils comprennent et gèrent les risques potentiels associés à une empathie accrue.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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