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Psychédélique(s) étudié(s) : Ayahuasca, LSD, Psilocybine
Publiée le 27 novembre 2025
Type : Etude à méthodes mixtes
Auteurs : Guy Simon, Nir Tadmor, Michael Skragge, Jules Evans, Oliver Robinson
Résumé :

Cette étude à méthodes mixtes examine comment des traumatismes d’enfance ou de jeunesse, identifiés par les participants, refont surface pendant des états psychédéliques et comment ces épisodes sont liés aux trajectoires post-expérience. L’étude inclut des événements identifiés comme traumatisants par les participants pendant les expériences psychédéliques et les résultats psychologiques ultérieurs, tant positifs que négatifs. Bien que les psychédéliques puissent faciliter le traitement émotionnel du matériel autobiographique, une minorité subit des effets indésirables ou une re-traumatisation lorsque le traumatisme refait surface.

La phase 1 a consisté en une enquête auprès de 608 personnes ayant connu des difficultés post-psychédéliques prolongées. Parmi eux, 41,8% ont rapporté que leurs difficultés semblaient liées à un traumatisme précoce. Ce groupe était significativement plus âgé, plus souvent composé de femmes, plus susceptible de déclarer un diagnostic antérieur de maladie mentale et plus enclin à utiliser les psychédéliques dans des contextes guidés. Ils ont également signalé significativement plus de difficultés émotionnelles mais moins de difficultés perceptuelles après l’expérience.

La phase 2 a impliqué des entretiens semi-structurés avec 18 participants. L’analyse thématique a identifié quatre thèmes décrivant la manière dont le traumatisme a fait surface : la ré-expérience directe du traumatisme (39%), la réincarnation symbolique/somatique (22%), et la fragmentation et confusion (50%). Un quatrième thème a capturé les trajectoires post-expérience variées, allant de l’intégration majoritairement positive (50%) à la re-traumatisation (22%), en passant par des effets mixtes (28%). L’étude souligne que l’incertitude quant à la véracité des souvenirs est une source de détresse continue pour certains, et met en avant la nécessité d’approches informées sur le trauma pour maximiser le potentiel thérapeutique tout en prévenant la re-traumatisation.

Objectif :

L’étude vise à comprendre les conditions dans lesquelles la ré-expérience d’événements négatifs lors d’un épisode psychédélique peut conduire à une amélioration ou à une détérioration du bien-être émotionnel. La recherche est particulièrement pertinente étant donné l’espoir que la médecine psychédélique représente une avancée pour le traitement du TSPT.

Les questions de recherche spécifiques sont : 1) Comment les individus vivent et comprennent les souvenirs de traumatismes de leur enfance ou de leur jeunesse qui se manifestent dans le cadre de difficultés post-psychédéliques, et quelles sont les caractéristiques de ces expériences en termes de mémoire, de conscience corporelle, d’intensité émotionnelle et de construction de sens post-session ? 2) Quels facteurs interprétatifs, relationnels ou contextuels semblent déterminer si les individus connaissent une intégration thérapeutique, une détresse continue, une re-traumatisation ou des schémas mixtes suite à de telles expériences ?

Méthodologie :
  • Conception : L’étude a utilisé une conception séquentielle à méthodes mixtes en deux phases.
  • Phase 1 (Quantitative) : Une enquête en ligne a été menée auprès de 608 individus ayant connu des difficultés fonctionnelles durant plus d’un jour après une expérience psychédélique. Les données collectées comprenaient des informations démographiques et le lien perçu entre les difficultés et un traumatisme infantile.
  • Phase 2 (Qualitative) : Des entretiens approfondis en ligne ont été menés avec 18 participants sélectionnés de la phase 1, qui avaient spécifiquement lié leurs difficultés post-psychédéliques à un traumatisme précoce. Les substances concernées étaient l’ayahuasca, la psilocybine et le LSD.
  • Analyse des données : L’analyse quantitative a utilisé des tests statistiques (t-tests, Chi-carré) pour comparer les groupes. L’analyse qualitative a reposé sur une analyse thématique réflexive combinée à des éléments de la méthodologie du récit de cas multiples pour analyser les retranscriptions des entretiens.
Résultats principaux :
  • Résultats quantitatifs : Sur 608 répondants, 41,8% ont établi un lien entre leurs difficultés post-psychédéliques et un traumatisme précoce. Ce groupe était, en moyenne, significativement plus âgé, comptait une plus forte proportion de femmes, était plus susceptible d’avoir un diagnostic de maladie mentale avant l’expérience et d’utiliser les psychédéliques dans un cadre guidé. Ils ont rapporté plus de difficultés émotionnelles mais moins de difficultés perceptuelles que le groupe sans lien traumatique.
  • Résultats qualitatifs : L’analyse des entretiens a révélé trois modes d’émergence du matériel traumatique : 1) la ré-expérience directe du traumatisme, souvent avec des détails sensoriels et émotionnels intenses (39% des participants) ; 2) la réincarnation symbolique ou somatique, où le traumatisme est vécu à travers des sensations corporelles ou des images symboliques (22%) ; et 3) la fragmentation et la confusion, avec des souvenirs ou des sentiments disjoints (50%).
  • Trajectoires post-expérience : Les trajectoires après ces expériences variaient considérablement, se répartissant en trois catégories : une intégration majoritairement positive avec un sentiment de guérison (50%), des effets mixtes combinant bénéfices et difficultés persistantes (28%), et une re-traumatisation ou des effets majoritairement négatifs (22%).
Implications cliniques :

Les conclusions de cette étude soulignent l’importance capitale de développer une approche informée et compétente en matière de trauma pour l’utilisation des psychédéliques, tant dans les contextes cliniques que non cliniques. Une telle approche est essentielle pour minimiser les risques de re-traumatisation et maximiser le potentiel thérapeutique. Elle permettrait d’offrir un soutien fondé sur des données probantes pour les défis thérapeutiques et existentiels rencontrés par les personnes qui ré-expérimentent ou traitent des souvenirs de traumatismes passés.

L’étude suggère que des facteurs comme la préparation, le contexte de l’expérience et un soutien à l’intégration robuste jouent un rôle crucial dans l’orientation des résultats vers la guérison plutôt que vers des préjudices supplémentaires. Les rencontres avec des événements passés, qu’ils soient réels ou subjectivement construits comme tels, peuvent ainsi être transformées en une étape vers la complétude plutôt qu’en une nouvelle blessure.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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