Cette revue analyse la résurgence de la recherche sur le potentiel thérapeutique des drogues psychédéliques pour les maladies neuropsychiatriques, en se concentrant sur le trouble de l’usage d’alcool (TUA). L’étude souligne que, bien que la recherche émergente suggère des bénéfices considérables, plusieurs aspects fondamentaux limitent la portée des conclusions actuelles.
Les limitations identifiées s’appliquent à la fois à la recherche sur les psychédéliques en général, comme le démasquage fonctionnel (functional unblinding) et la définition de la psychothérapie assistée par psychédéliques, et à des aspects spécifiques au TUA. Parmi ces derniers, la nature de l’expérience mystique et sa relation avec l’expérience spirituelle décrite dans la littérature des Alcooliques Anonymes (AA) sont particulièrement pertinentes, étant donné les liens historiques étroits entre la recherche sur les psychédéliques et le TUA.
De plus, l’analyse critique les études actuelles de neuro-imagerie pour leurs conceptions limitées qui n’interrogent pas directement les processus cognitifs et les circuits neuronaux susceptibles de sous-tendre la réponse au traitement. La revue détaille ces limites en reliant les aspects historiques, conceptuels et mécanistiques, et propose des pistes pour de futures études afin de mieux spécifier le rôle et l’utilité des drogues psychédéliques dans le traitement du TUA.
L’objectif de cette revue est de décrire en détail les limites de la recherche actuelle sur les psychédéliques dans le traitement du trouble de l’usage d’alcool (TUA). Pour ce faire, elle établit des ponts entre les aspects historiques, conceptuels et mécanistiques de ce champ de recherche. L’étude vise également à offrir des suggestions pour de futures recherches dont les résultats pourraient clarifier plus précisément le rôle et l’utilité des drogues psychédéliques dans le traitement du TUA.
- La recherche a été effectuée sur PubMed et MEDLINE pour des articles pertinents.
- Les termes de recherche MeSH utilisés étaient : Alcoholism, Hallucinogens, Alcoholics Anonymous, et Magnetic Resonance Imaging.
- Cette recherche a été complétée par une vérification manuelle des références des articles clés, des articles de revue et des livres.
- La préférence a été accordée aux études impliquant des participants humains et des données de neuro-imagerie pertinentes pour le TUA et les interventions assistées par psychédéliques.
- La recherche sur les psychédéliques pour le trouble de l’usage d’alcool (TUA) est historiquement liée au concept d’expérience spirituelle des Alcooliques Anonymes (AA), les premières études ayant émis l’hypothèse que le LSD pourrait induire un état similaire à celui de toucher le fond (hitting bottom).
- Les essais cliniques actuels sur la psilocybine et le LSD souffrent de limitations méthodologiques importantes, notamment un démasquage fonctionnel élevé où les participants et les thérapeutes devinent correctement l’attribution du traitement, ce qui biaise les résultats.
- Les études récentes omettent souvent d’intégrer ou de mesurer l’engagement dans les programmes des AA, manquant ainsi une occasion d’examiner si les psychédéliques facilitent le processus de rétablissement basé sur la spiritualité promu par les AA.
- Les études de neuro-imagerie examinant les mécanismes thérapeutiques sont souvent sous-dimensionnées et utilisent des paradigmes de tâches (ex: visionnage passif d’images) qui ne permettent pas d’isoler les processus de contrôle cognitif pertinents pour le rétablissement.
- L’analyse suggère que l’expérience mystique induite par les psychédéliques pourrait être liée à une désynchronisation du réseau du mode par défaut (DMN). De plus, les processus de rétablissement durables associés aux AA pourraient impliquer des circuits neuronaux distincts (cortex préfrontal dorsolatéral antérieur) de ceux impliqués dans la régulation à court terme des envies.
Les auteurs concluent que les problèmes méthodologiques actuels limitent considérablement l’interprétation de la littérature sur les effets thérapeutiques de la psilocybine et d’autres psychédéliques dans le traitement du TUA. Pour améliorer l’interprétabilité et la reproductibilité, les futurs essais devraient intégrer des critères de jugement principaux objectifs, tels que l’abstinence, une réduction durable de la consommation excessive d’alcool, et l’engagement dans les AA.
Pour les études de neuro-imagerie mécanistique, il est essentiel de définir clairement les circuits cibles (par exemple, le cortex préfrontal dorsolatéral antérieur et postérieur, l’insula antérieure), d’utiliser des paradigmes de tâches pertinents et de garantir une taille d’échantillon appropriée pour assurer la fiabilité des résultats. Lier prospectivement ces mesures neuronales aux résultats de consommation d’alcool permettra de tester directement si l’engagement au niveau des circuits neuronaux est un médiateur du comportement de rétablissement. L’adoption de ces recommandations est cruciale pour évaluer correctement le potentiel des psychédéliques pour les patients réfractaires au traitement.
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