Cette étude examine le potentiel de la psilocybine, principal composé psychoactif des champignons magiques, pour traiter les symptômes dépressifs dans le trouble bipolaire (TB), un domaine où les connaissances actuelles sont limitées à des études de cas.
Une enquête internationale en ligne a été menée pour explorer les expériences d’utilisation de la psilocybine chez des personnes avec un diagnostic auto-déclaré de TB. L’analyse a combiné des statistiques descriptives pour les données quantitatives et une analyse de contenu qualitative pour les réponses textuelles libres, en se concentrant sur les expériences positives.
Sur un total de 541 participants, un tiers (32,2 %) a décrit des symptômes nouveaux ou accrus après la consommation de psilocybine, principalement des symptômes maniaques, des difficultés de sommeil et de l’anxiété. Aucune différence significative dans les taux d’événements indésirables n’a été observée entre les individus atteints de TB de type I et de type II. Le recours aux services médicaux d’urgence était rare (3,3 %). Les participants, y compris ceux ayant subi des effets indésirables, ont indiqué que l’usage de la psilocybine était globalement plus bénéfique que nocif.
Les auteurs concluent que les bénéfices subjectifs rapportés par les participants encouragent une investigation plus approfondie des traitements à base de psilocybine pour le TB. Ils recommandent que les futurs essais cliniques intègrent une surveillance attentive des symptômes, car les données suggèrent que ceux-ci peuvent apparaître ou s’intensifier après l’usage de psilocybine.
L’objectif principal de cette étude était de documenter les intentions, les pratiques et les expériences d’adultes avec un trouble bipolaire auto-déclaré ayant consommé de la psilocybine. Cette démarche visait à recueillir des données pour éclairer la conception de futurs essais cliniques. L’étude cherchait également à explorer les risques potentiels, en interrogeant spécifiquement les participants sur les événements indésirables, tels que l’aggravation des symptômes du trouble bipolaire ou les hospitalisations consécutives à la consommation.
- L’étude a consisté en une enquête internationale en ligne menée entre octobre 2020 et janvier 2021.
- Les critères d’inclusion pour les participants étaient d’être âgé de 18 ans ou plus, d’avoir un diagnostic auto-déclaré de trouble bipolaire et d’avoir eu au moins une expérience psychédélique complète avec la psilocybine, excluant ainsi les expériences de microdosage seul.
- Le recrutement a été réalisé via divers canaux en ligne, incluant les réseaux sociaux, des sites web spécialisés, des forums et des listes de diffusion liés au trouble bipolaire et à l’usage de psychédéliques.
- Le questionnaire, administré via la plateforme Qualtrics, comprenait des questions à choix multiples, des échelles de Likert et des questions ouvertes couvrant la démographie, l’historique de santé mentale, les modalités de consommation de psilocybine, les motivations, les événements indésirables et la perception des effets.
- L’analyse des données a utilisé des statistiques descriptives pour les données quantitatives et une analyse de contenu thématique pour les réponses qualitatives en texte libre.
- L’échantillon final comprenait 541 répondants, avec un âge moyen de 34,1 ans, dont 46,4% de femmes. La majorité résidait aux États-Unis (71,5%) et le sous-type de trouble bipolaire le plus courant était le type II (45,1%).
- Environ un tiers des participants (32,2%) a signalé des effets négatifs ou indésirables pendant ou dans les 14 jours suivant une expérience. Les plus fréquents étaient l’apparition ou l’augmentation de symptômes maniaques (14,2%), des difficultés de sommeil (10,4%) et de l’anxiété (9,4%).
- Le recours aux services d’urgence était très rare, rapporté par seulement 3,3% des participants.
- Malgré les effets indésirables, les participants ont globalement évalué l’usage de la psilocybine comme étant significativement plus bénéfique (note moyenne de 4 sur 5) que nocif (note moyenne de 1,6 sur 5).
- Aucune différence statistiquement significative n’a été observée dans les taux globaux d’événements indésirables entre les participants atteints de trouble bipolaire de type I et de type II.
- L’analyse qualitative a mis en évidence des bénéfices subjectifs variés, incluant une amélioration de la santé mentale (réduction de la dépression et de l’anxiété), une croissance psychologique (introspection, nouvelles perspectives) et des expériences spirituelles de connexion.
- Un nombre important de participants a décrit des expériences mixtes, où les aspects difficiles étaient souvent considérés comme des opportunités d’apprentissage menant à des bénéfices psychologiques.
Les conclusions de l’enquête indiquent que les bénéfices subjectifs rapportés par les personnes atteintes de trouble bipolaire justifient une investigation plus approfondie des traitements à base de psilocybine pour cette population, encourageant ainsi la mise en place de futurs essais cliniques.
L’étude souligne cependant la nécessité d’une approche prudente. La survenue d’effets indésirables chez un tiers des participants, notamment une aggravation des symptômes maniaques, impose que les essais cliniques futurs intègrent des protocoles de surveillance rigoureux et des mesures de sécurité renforcées, spécifiques à cette population.
Il est suggéré que les cliniciens soient conscients de l’usage potentiel de la psilocybine par leurs patients atteints de trouble bipolaire. Une discussion ouverte, dans un cadre de réduction des risques, est recommandée pour aborder les effets secondaires possibles, les stratégies pour les atténuer et l’importance de maintenir l’adhésion aux traitements psychiatriques prescrits.
La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.