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Psychédélique(s) étudié(s) : 5-MeO-DMT, Kétamine, LSD, MDMA, Psilocybine
Publiée le 5 septembre 2022
Type : Perspective
Auteurs : Matt Butler, Luke Jelen, James Rucker
Résumé :

Cet article aborde les défis méthodologiques posés par la mise en aveugle et les attentes des participants dans les essais cliniques sur les psychédéliques. Les auteurs soutiennent que les effets subjectifs intenses de ces substances rendent facile pour les participants de deviner s’ils reçoivent le traitement actif ou le placebo, ce qui conduit probablement à une surestimation des bénéfices thérapeutiques observés.

Cependant, ils replacent ce problème dans un contexte plus large, en soulignant que des difficultés de mise en aveugle similaires existent dans d’autres domaines de la médecine, comme la chirurgie et la psychothérapie. Plutôt que de rejeter en bloc la recherche sur les psychédéliques, ils proposent d’adopter des mesures pragmatiques, telles que l’utilisation de placebos actifs et d’évaluateurs indépendants. Les auteurs concluent que, bien que les données préliminaires doivent être interprétées avec prudence en raison de ces limites, ces imperfections ne devraient pas automatiquement disqualifier les psychédéliques en tant que médicaments potentiels.

Objectif :

Discuter du rôle de la mise en aveugle et de l’effet d’attente (“expectancy”) dans les essais cliniques sur les psychédéliques, mettre ce défi en perspective par rapport à d’autres domaines de la recherche médicale, et proposer des solutions pragmatiques pour améliorer la rigueur des études sans pour autant invalider les résultats actuels.

Méthodologie :

Il s’agit d’un article de perspective théorique et méthodologique. Les auteurs réalisent une analyse critique de la littérature scientifique concernant la conception des essais cliniques (historiques et contemporains) sur les psychédéliques. Ils comparent ces défis à ceux rencontrés dans d’autres domaines médicaux (chirurgie, psychothérapie, pharmacologie) pour étayer leur argumentation et formuler des recommandations.

Résultats principaux :
  • Le problème du déaveuglement et de l’attente : Les essais sur les psychédéliques sont particulièrement sensibles aux effets d’attente. En raison des expériences subjectives intenses (“trips”), les participants peuvent facilement deviner leur groupe d’assignation (traitement ou placebo), ce qui tend à amplifier les effets thérapeutiques rapportés.
  • L’influence du “Hype” : La promotion médiatique intense et parfois prématurée des psychédéliques comme traitements “miracles” augmente les attentes positives des personnes qui participent aux essais, ce qui constitue un biais supplémentaire.
  • Un défi partagé par d’autres disciplines : Les auteurs rappellent que ce problème n’est pas unique. La mise en aveugle est tout aussi difficile, voire impossible, dans les études sur les psychothérapies, la chirurgie ou d’autres médicaments psychoactifs, ce qui n’a pas empêché le développement de traitements efficaces dans ces domaines.
  • Une approche pragmatique est nécessaire : Rejeter entièrement les résultats des essais contrôlés randomisés (ECR) sur les psychédéliques à cause de ces imperfections serait une erreur. Le modèle ECR n’est pas toujours parfaitement adapté, et ses limites ne devraient pas conduire à l’abandon de la recherche sur une thérapie potentiellement utile.
Implications cliniques :

Pour améliorer la qualité des essais cliniques sur les psychédéliques, les auteurs recommandent plusieurs pistes :

  • Adopter des mesures pratiques pour atténuer les biais, comme l’utilisation de placebos actifs (qui provoquent des effets perceptibles) et le recours à des évaluateurs externes en aveugle pour mesurer les résultats.
  • Compléter les ECR avec d’autres types d’études, telles que des études en conditions réelles (naturalistes) ou des essais pragmatiques, pour obtenir une vision plus complète de l’efficacité.
  • Les chercheurs et les médias devraient adopter un discours plus mesuré et réduire le “hype” autour des psychédéliques pour limiter l’influence des attentes.
  • Il faut accepter que les effets d’attente font probablement partie intégrante du mécanisme thérapeutique et chercher à les comprendre plutôt qu’à les éliminer à tout prix.

La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.

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