Alors que la recherche sur l’usage thérapeutique des psychédéliques pour les troubles de l’usage de substances (TUS) est en plein essor, cette revue de la portée examine dans quelle mesure les spécificités des femmes sont prises en compte. Il est en effet établi que les femmes réagissent différemment des hommes aux traitements pour les TUS.
L’analyse de 75 études révèle des lacunes importantes : la majorité des études sous-représentent les femmes, et très peu d’entre elles mènent des analyses statistiques basées sur le sexe ou présentent des résultats désagrégés. De plus, aucune étude n’aborde les implications du sexe ou du genre dans sa discussion. Les auteurs concluent que la recherche dans ce domaine néglige largement d’explorer comment le sexe et le genre influencent les réponses aux traitements psychédéliques, ce qui constitue une lacune critique à combler.
Explorer comment la recherche sur l’utilisation thérapeutique des psychédéliques pour les troubles de l’usage de substances (TUS) a intégré la prise en compte des femmes, en examinant si les spécificités liées au sexe et au genre sont considérées dans la conception, l’analyse et l’interprétation des études.
- Type d’étude : Revue de la portée (scoping review).
- Sources de données : Une recherche systématique a été réalisée le 19 février 2024 dans quatre bases de données (Embase, PubMed, BVS, PsyNet).
- Critères de sélection : 75 études (observationnelles et expérimentales) portant sur des participants humains et examinant les bénéfices potentiels des psychédéliques pour l’usage problématique de substances ont été incluses.
- Analyse : Les études ont été systématiquement évaluées sur plusieurs critères : l’équilibre des sexes dans les échantillons, la prise en compte du sexe/genre dans la conception, la présentation de résultats désagrégés, la réalisation d’analyses statistiques basées sur le sexe, et la discussion des implications liées au genre.
- Sous-représentation des femmes : Sur 75 études, 46 (61%) sous-représentaient les femmes. Cette disparité était particulièrement marquée dans les essais cliniques, où les femmes ne constituaient que 19% des participants, contre 49% dans les études observationnelles.
- Manque d’analyses spécifiques au sexe : Seules 13 études (17%) ont pris en compte le sexe dans leur conception. À peine 11 (15%) ont mené des analyses statistiques basées sur le sexe pour les résultats liés à l’usage de substances, et seulement 5 (7%) ont présenté des résultats désagrégés par sexe.
- Absence d’interprétation et de discussion : Aucune des 75 études n’a discuté des implications du sexe ou du genre dans l’interprétation de ses résultats, même lorsque des différences significatives étaient observées. Seules 5 études (7%) ont mentionné la sous-représentation des femmes comme une limite.
La recherche actuelle sur les psychédéliques pour les TUS souffre d’un angle mort majeur en ignorant largement les femmes. Les résultats, principalement basés sur des échantillons masculins, ne peuvent pas être généralisés de manière fiable à l’ensemble de la population.
Étant donné que les femmes peuvent réagir différemment aux traitements en raison de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux, il existe un risque de développer des protocoles thérapeutiques qui soient inefficaces, voire dangereux pour elles.
Il est impératif que les futures recherches incluent activement les femmes dans les essais cliniques, et qu’elles analysent et discutent systématiquement les résultats en fonction du sexe et du genre pour garantir des traitements équitables et efficaces pour tous.
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