L’expérience mystique (comprenant des caractéristiques telles que l’abolition des frontières, la dissolution de l’ego et l’interconnexion universelle) est un mécanisme psychologique potentiel influençant les résultats de la thérapie psychédélique.
Cette revue analyse 12 études utilisant la psilocybine, l’ayahuasca ou la kétamine pour examiner l’association entre l’expérience mystique et la réduction des symptômes dans divers troubles, notamment la détresse liée au cancer, les troubles liés à l’usage de substances et les troubles dépressifs (y compris la dépression résistante).
Dix des douze études ont établi une association significative (corrélation, médiation et/ou prédiction).
La majorité des études sont cependant limitées par la petite taille de leur échantillon et leur manque de diversité (genre, ethnie, éducation, statut socio-économique). De plus, 6 des 12 études étaient en devis ouvert (open-label) et donc susceptibles de biais.
L’objectif principal de cette revue systématique est d’examiner la relation possible entre l’intensité de l’expérience mystique psychédélique et l’efficacité thérapeutique, définie à la fois par la réduction des symptômes et l’amélioration de la qualité de vie, à travers les essais cliniques existants.
- Il s’agit d’une revue systématique enregistrée sur PROSPERO (CRD42021261752) et suivant les lignes directrices PRISMA.
- Les recherches documentaires ont été effectuées dans les bases de données Embase, MEDLINE, PsychINFO (de janvier 1990 à août 2021) et la bibliographie en ligne de MAPS.
- Les critères d’inclusion étaient : (1) essais cliniques ; (2) sujets adultes atteints de troubles psychiatriques ou addictifs recevant une dose de psychédélique ; (3) données subjectives rapportées sur l’expérience mystique et la réponse au traitement ; (4) publication en anglais.
- Sur 744 articles identifiés, 12 études ont été sélectionnées pour l’analyse.
- La qualité des études a été évaluée à l’aide des échelles Newcastle Ottawa (pour les études ouvertes) et Cochrane Risk of Bias Tool (pour les essais randomisés).
- La revue a inclus 12 études (6 essais contrôlés randomisés et 6 études ouvertes) portant sur la psilocybine (8 études), la kétamine (3 études) et l’ayahuasca (1 étude).
- Les pathologies étudiées comprenaient les troubles liés à l’usage de substances (5 études), la détresse liée au cancer (3 études) et les troubles dépressifs (4 études).
- Dix des douze études ont établi une association significative (corrélation, médiation et/ou prédiction) entre l’intensité de l’expérience mystique et l’amélioration des résultats cliniques.
- L’expérience mystique s’est révélée être un prédicteur significatif de l’amélioration des résultats dans plusieurs études.
- Une seule étude de suivi à long terme (3.2 à 4.5 ans) n’a pas trouvé de corrélation significative, ce qui pourrait être dû à une perte de 50% de l’échantillon ou à des facteurs de confusion.
- L’anxiété aiguë pendant l’expérience (ex: “peur de la dissolution de l’ego”) était associée à de moins bons résultats thérapeutiques.
- Les principales limites identifiées dans les études examinées sont la petite taille des échantillons, le manque de diversité des participants et les biais potentiels des études ouvertes.
L’association entre l’expérience mystique et l’efficacité thérapeutique est fortement indiquée dans la plupart des études examinées.
Pour optimiser les résultats, il semble important d’établir un environnement (“set and setting”) dans lequel l’anxiété des sujets peut être minimisée, car l’anxiété aiguë (y compris la peur de la dissolution de l’ego) peut compromettre les résultats thérapeutiques.
Des études supplémentaires avec des échantillons plus larges et plus diversifiés sont nécessaires pour évaluer et potentiellement établir un lien de causalité.
Si la causalité est établie, des recherches pourraient explorer les moyens d’augmenter l’intensité de l’expérience mystique (par exemple, dosage, nouveaux composés) tout en minimisant l’anxiété concomitante, et identifier les marqueurs qui prédisposent les individus à des expériences mystiques positives.
La synthèse de cette publication académique peut présenter des erreurs. Envisagez de vérifier ses informations en consultant la publication complète.