Les psychédéliques, comme la MDMA ou l’ayahuasca, offrent une approche novatrice pour traiter les traumatismes intergénérationnels. Entre science et traditions, ils pourraient briser les cycles de souffrance héritée.
Les psychédéliques : de la perception publique aux avancées thérapeutiques modernes
Les psychédéliques, souvent associés aux expériences visuelles et mystiques des années 60, continuent d’être perçus à travers le prisme des ‘trips’ hallucinogènes. Pourtant, ces substances, historiquement employées par des guérisseurs en Amérique centrale et du Sud, font aujourd’hui l’objet d’une attention renouvelée dans le domaine médical. Une étude récente, menée par le Tata Institute of Fundamental Research (TIFR) à Mumbai, explore une nouvelle approche fascinante : l’utilisation du DOI (2,5-diméthoxy-4-iodoamphétamine) pour traiter l’anxiété. Cette substance permettrait de bénéficier des effets thérapeutiques des psychédéliques sans entraîner d’hallucinations.
Sous la direction de Vidita Vaidya, l’équipe du TIFR a mis en lumière un nouvel usage du DOI, qui ne repose pas sur les altérations perceptuelles habituellement associées aux psychédéliques, mais sur son action ciblée sur des neurones spécifiques de l’hippocampe ventral, une région clé du cerveau. Il est important de souligner que cette approche ne remet pas en cause les bénéfices des expériences hallucinogènes, mais élargit les possibilités thérapeutiques des psychédéliques en les rendant accessibles à des patients qui pourraient être réticents à ces effets. Le DOI ouvre donc de nouvelles perspectives pour le traitement de troubles tels que l’anxiété ou le trouble de stress post-traumatique (TSPT).
Le DOI : une solution pratique et prometteuse contre l’anxiété
Dans l’étude menée par le Tata Institute of Fundamental Research (TIFR), le DOI a été choisi en raison des contraintes légales entourant des substances telles que le LSD ou la psilocybine en Inde. Cependant, au-delà d’une simple alternative légale, le DOI présente des caractéristiques uniques qui en font un outil prometteur pour la gestion de l’anxiété. Ce psychédélique se distingue par sa capacité à réduire l’anxiété à faibles doses tout en limitant les effets hallucinogènes, ce qui en fait une option particulièrement intéressante pour certaines populations.
Le DOI agit spécifiquement sur l’hippocampe ventral, une région du cerveau impliquée dans la régulation des émotions. En activant des neurones spécifiques, appelés interneurones parvalbumine-positifs, il aide à calmer les réponses émotionnelles excessives. Des tests comportementaux, comme le labyrinthe en croix surélevé (EPM), utilisé pour évaluer l’anxiété chez les rongeurs, ont montré que cette molécule permettait de réduire l’anxiété de manière significative, sans provoquer d’altérations perceptuelles notables.
Grâce à ce profil unique, le DOI apparaît comme une molécule prometteuse pour traiter des troubles mentaux complexes tels que le Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) et le Trouble Dépressif Résistant (TDR). Son action ciblée sur des circuits neuronaux spécifiques, sans les effets hallucinogènes typiques des psychédéliques, ouvre de nouvelles perspectives pour des traitements plus accessibles et mieux tolérés.
L’hippocampe ventral : clé de la régulation de l’anxiété
L’étude du Tata Institute of Fundamental Research (TIFR) a identifié un mécanisme précis dans le cerveau, qui aide à comprendre comment le DOI agit pour réduire l’anxiété. Le DOI cible spécifiquement l’hippocampe ventral, une région du cerveau liée à la gestion des émotions. L’une des découvertes majeures de cette recherche est que cette zone contient des interneurones parvalbumine-positifs, qui jouent un rôle crucial dans l’inhibition des réponses neuronales excessives associées à l’anxiété.
Contrairement aux psychédéliques qui activent des réseaux neuronaux plus larges, impliquant des régions comme le cortex préfrontal (responsable des altérations perceptuelles), l’action du DOI est ici localisée, évitant ainsi les effets hallucinogènes tout en réduisant efficacement l’anxiété. Cela a été prouvé par des expériences comportementales sur des rongeurs, où l’administration de DOI a permis de calmer les réponses émotionnelles excessives.
Cette découverte permet d’envisager des traitements potentiels qui cibleraient ces neurones spécifiques, en activant des circuits neuronaux précis pour soulager l’anxiété sans avoir recours à des doses de psychédéliques qui altèrent la perception. Cette approche ouvre des perspectives pour des médicaments qui pourraient reproduire les effets anxiolytiques des psychédéliques, sans les effets secondaires hallucinogènes.
Les perspectives pour des traitements non hallucinogènes contre l’anxiété et la dépression
Les découvertes récentes sur le DOI et son action spécifique sur l’hippocampe ventral ouvrent la voie à des développements majeurs dans le traitement des troubles mentaux, en particulier l’anxiété et la dépression résistante aux traitements conventionnels. L’un des points les plus prometteurs de cette étude est la possibilité de développer des médicaments psychédéliques capables de cibler des circuits neuronaux précis sans induire d’hallucinations, ce qui est souvent un obstacle pour l’acceptation généralisée des thérapies assistées par les psychédéliques.
Les traitements actuels contre des troubles comme le Trouble du Stress Post-Traumatique (TSPT) ou le Trouble Dépressif Résistant (TDR) sont souvent limités par leurs effets secondaires ou leur inefficacité à long terme. De plus, il est fréquent que les patients soient laissés sans solution durant la période de latence des traitements actuels, qui peuvent prendre plusieurs semaines avant de montrer des effets. Le DOI pourrait potentiellement offrir une solution plus rapide et plus ciblée.
Cependant, des défis demeurent. Les essais cliniques sur des psychédéliques comme le DOI se heurtent à des obstacles réglementaires, notamment en Inde, où l’étude a été menée. Contrairement à des régions comme l’Australie, l’Europe ou les États-Unis, où des essais cliniques avancent rapidement, l’Inde manque encore de cadres réglementaires adaptés pour soutenir ces recherches. Néanmoins, les chercheurs, dont Vidita Vaidya, continuent de plaider pour un assouplissement de ces règles afin de permettre des progrès plus rapides dans la recherche clinique.
En résumé, cette recherche ouvre des perspectives passionnantes pour l’avenir des traitements contre l’anxiété et la dépression, en mettant l’accent sur des thérapies plus sûres, efficaces et non hallucinogènes. Si les défis réglementaires peuvent être surmontés, nous pourrions voir émerger une nouvelle génération de traitements basés sur les psychédéliques, mais adaptés aux besoins des patients souffrant de troubles mentaux résistants.
Sources : TIFR study uses psychedelic drug to trace neuron that can reduce anxiety, sante.gouv.fr, Psychedelics excite cells in hippocampus to reduce anxiety, Psychedelics Reduce Anxiety Without Hallucinations,
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