Les psychédéliques, comme la MDMA ou l’ayahuasca, offrent une approche novatrice pour traiter les traumatismes intergénérationnels. Entre science et traditions, ils pourraient briser les cycles de souffrance héritée.
L’intérêt pour les psychédéliques a fortement rebondi ces dernières décennies, notamment grâce à leur potentiel thérapeutique. Parmi les pratiques émergentes, le microdosage s’est rapidement imposé. Il s’agit de prendre de petites doses de psychédéliques, comme le LSD ou la psilocybine, avec la promesse d’améliorer l’humeur, la créativité et la concentration, sans provoquer d’hallucinations.
Mais au-delà des promesses, que disent vraiment les recherches ? Quels sont les risques et les réalités scientifiques derrière cette pratique en plein essor ?
Comprendre le microdosage
Le microdosage consiste à prendre de petites quantités de psychédéliques, comme le LSD ou la psilocybine, bien en dessous de la dose provoquant des hallucinations. En général, une microdose correspond à environ 1/10e à 1/20e de la dose récréative. Le but est de profiter d’effets subtils, mais bénéfiques, sans altérer le fonctionnement quotidien.
Par exemple, une dose thérapeutique de LSD est d’environ 100 microgrammes, tandis qu’une microdose ne contient que 10 microgrammes. De la même manière, pour la psilocybine, utilisée en thérapie à raison de 1 à 5 grammes de champignons séchés, la microdose est réduite à seulement 0,05 à 0,3 grammes.
Historique
Le microdosage trouve ses origines dans l’histoire plus large des psychédéliques. Si la pratique moderne a explosé dans les années 2010, ses racines remontent aux années 1960, notamment grâce au chimiste suisse Albert Hofmann, qui a synthétisé le LSD. Hofmann a expérimenté les microdoses tout au long de sa vie, affirmant que de faibles quantités de LSD amélioraient son bien-être et sa créativité.
Les premières recherches sur les psychédéliques remontent à la fin du XIXe siècle, avec l’étude de substances comme la mescaline. Cependant, c’est au cours des années 1960 que l’intérêt pour la psilocybine et le LSD a véritablement explosé. Le psychologue James Fadiman a joué un rôle clé dans l’exploration des effets du microdosage sur la créativité et les performances cognitives. Ses travaux ont grandement influencé la communauté technologique, notamment dans la Silicon Valley.
Malheureusement, la Convention sur les substances psychotropes des années 1970 a criminalisé le LSD et la psilocybine, freinant ainsi les recherches. Ce n’est qu’au début du XXIe siècle que l’intérêt pour le microdosage a resurgi, avec des études récentes cherchant à évaluer ses bienfaits potentiels de manière scientifique.
Amélioration de l’humeur et réduction de l’anxiété
De nombreux témoignages et études préliminaires indiquent que la microdose de psychédéliques peut avoir un impact positif sur l’humeur et l’anxiété. Les utilisateurs rapportent souvent une réduction des symptômes dépressifs et anxieux. Certaines recherches suggèrent même que des microdoses de psilocybine stimuleraient la neurogenèse dans l’hippocampe, une région du cerveau impliquée dans la régulation de l’humeur et de la mémoire.
Cependant, une étude menée en 2020 par l’Imperial College London a révélé que ces effets bénéfiques sur l’humeur pourraient en grande partie être attribués à un effet placebo, soulignant ainsi la nécessité de recherches plus approfondies.
Augmentation de la créativité et de la productivité
Le microdosage est souvent cité pour ses effets positifs sur la créativité et la productivité. Des utilisateurs travaillant dans des secteurs comme la technologie et les arts rapportent une meilleure capacité à résoudre des problèmes et à générer des idées innovantes. Une étude de 2019, publiée dans Frontiers in Pharmacology, a démontré que les participants sous microdoses de psychédéliques ressentaient une amélioration notable de leur pensée divergente, un processus clé dans la créativité.
Selon le mycologue renommé Paul Stamets, la psilocybine en microdose pourrait également améliorer la neuroplasticité, favorisant ainsi la cognition et la créativité.
Amélioration de la sociabilité
Le microdosage de psychédéliques semble aussi favoriser les interactions sociales. De nombreux utilisateurs notent une augmentation de l’empathie, de la patience et de leur capacité à se connecter plus profondément avec les autres. Ces effets sont particulièrement observés dans des environnements collaboratifs, tels que les équipes de travail, ou dans des contextes sociaux plus informels.
Études récentes et témoignages
Des études cliniques récentes tentent de mieux comprendre les effets du microdosage. Par exemple, une étude publiée en 2021 dans Nature a montré que, même si les améliorations de l’humeur et de la cognition restent modestes, elles sont fréquemment rapportées par les utilisateurs. Cependant, certaines recherches insistent sur l’importance de l’effet placebo et sur la nécessité de mettre en place des protocoles plus stricts pour mieux isoler les effets réels des microdoses.
Risques et effets secondaires
Effets secondaires courants
Bien que le microdosage de psychédéliques soit souvent présenté comme bénéfique, il peut entraîner des effets secondaires. Les utilisateurs rapportent fréquemment des symptômes tels que l’anxiété, l’insomnie, la confusion, et des maux de tête légers. L’étude publiée dans Nature souligne que si les améliorations de l’humeur et de la cognition peuvent souvent être dues à l’effet placebo, les effets indésirables comme l’anxiété et l’irritabilité sont bien réels et fréquents.
Risques à long terme
Les effets à long terme du microdosage sont encore mal compris. Les études actuelles se concentrent principalement sur les effets à court terme, et il manque des recherches longitudinales pour évaluer les impacts potentiels sur la santé mentale et physique à long terme. Cette incertitude appelle à la prudence, surtout chez les personnes ayant des antécédents de troubles psychotiques ou d’autres pathologies mentales.
Problèmes de pureté et de dosage
Un risque majeur du microdosage est la pureté des substances et la précision du dosage. Les psychédéliques obtenus illégalement peuvent contenir des contaminants ou des substances actives à des concentrations variables, ce qui rend le dosage précis difficile à atteindre. Cela peut augmenter le risque d’effets secondaires imprévus et de réactions indésirables.
Considérations éthiques et légales
L’usage de substances psychédéliques, même en microdoses, est illégal dans de nombreux pays. Cette illégalité pose des questions éthiques et des problèmes de sécurité, notamment en ce qui concerne l’accès à des substances sûres et de qualité. Sans réglementation, les utilisateurs s’exposent à des substances de qualité douteuse, ce qui augmente les risques pour leur santé.
Figures emblématiques du microdosage
Albert Hofmann
Le chimiste suisse à l’origine de la synthèse du LSD en 1938, Albert Hofmann, est l’un des pionniers du microdosage. Il a expérimenté de faibles doses tout au long de sa vie, affirmant que ces quantités minimes amélioraient son bien-être et sa créativité.
James Fadiman
Psychologue américain, James Fadiman est l’une des figures centrales dans la diffusion moderne du microdosage. Son livre The Psychedelic Explorer’s Guide (2011) a détaillé des protocoles et a recueilli de nombreux témoignages sur les effets bénéfiques du microdosage.
Paul Stamets
Le célèbre mycologue Paul Stamets a largement promu le microdosage de psilocybine, mettant en avant ses effets sur la neuroplasticité, la cognition et la créativité.
Ayelet Waldman
L’écrivaine Ayelet Waldman a sensibilisé un public plus large aux bienfaits potentiels du microdosage avec son livre A Really Good Day (2017), dans lequel elle raconte comment elle a utilisé le microdosage de LSD pour traiter ses troubles de l’humeur.
Steve Jobs
Bien qu’il n’ait pas spécifiquement mentionné le microdosage, Steve Jobs, cofondateur d’Apple, a souvent parlé de l’impact du LSD sur sa créativité, influençant de nombreux partisans du microdosage dans la Silicon Valley.
Perspectives futures et avancées
Avec l’évolution des mentalités et des résultats prometteurs dans la recherche, le microdosage devrait continuer à gagner en popularité. Des avancées législatives, telles que la légalisation de l’usage thérapeutique de la psilocybine dans certains états comme l’Oregon, montrent un mouvement vers une acceptation plus large des psychédéliques à des fins thérapeutiques.
Sur le plan européen, des initiatives citoyennes comme PsychedeliCare militent pour une meilleure prise en compte des psychédéliques dans le domaine des soins de santé mentale. Ce mouvement vise à sensibiliser les décideurs et à encourager la mise en place de cadres légaux pour une utilisation thérapeutique sécurisée et responsable.
Les études scientifiques en cours, ainsi que les témoignages de figures emblématiques, joueront un rôle clé dans la définition des futures pratiques et politiques concernant le microdosage. Ces avancées permettront peut-être un cadre plus sécurisé et réglementé pour les utilisateurs.
Sources: Zamnesia – Microdosing Des Psychédéliques Et Du Cannabis, Le Monde – MICRODOSE DE LSD – « J’AI ESSAYÉ », Slate – De très faibles doses de LSD pourraient booster le cerveau, Le Point – Le microdosage des drogues psychédéliques, sans effet escompté, Revue CIRCE – Le microdosage de substances psychédéliques : bref historique et recherches actuelles, Citizen scientists show placebo effect may explain benefits of microdosing
S’abonner
0 Commentaires
Le plus ancien